Si la sortie de confinement est maintenue au 11 mai prochain, certains commerces de centre-ville, dont les magasins d’optique, pourront reprendre leur activité en respectant bien les mesures de distanciation sociale et gestes barrière. Rien n’est moins sûr, en revanche, pour les magasins des centres commerciaux. Observons ainsi ce qui va se passer en Europe.

En attendant des précisions sur ce sujet dans les prochains jours, 200 patrons d’enseignes de tous secteurs montent au créneau et adressent une lettre ouverte au gouvernement pour que les bailleurs renoncent aux loyers durant la période de fermeture. Parmi les signataires de ce courrier figurent André Balbi, président du Rassemblement de France (Rof) et Eric Plat, président de la Fédération du Commerce coopératif et associé et PDG d’Atol.

Accompagner les opticiens post confinement

« Quelques chefs d’entreprises ont obtenu des annulations ou des reports de loyers avec des petits bailleurs. Tous ne sont pas disposés à les accorder, mais les positions ne sont pas encore définitives. Nous leur écrivons pour demander l’annulation des loyers et qu’ils soient réévalués jusqu’à que l’activité reprenne », explique pour acuite.fr André Balbi. Le président du Rof se montre ferme, car la reprise s’annonce difficile : « les bailleurs doivent accompagner à la sortie du confinement les opticiens où les commerçants d’une manière générale. Ces derniers ne retrouveront pas leur pleine activité de suite.» Et vous ? Avez-vous demandé à votre bailleur un report des loyers ? Répondez à notre sondage plus bas sur cette page.

« Une claque monumentale pour les opticiens »

Fermeture de magasins pour la majorité d’entre vous, plus de chiffres d’affaires, difficulté de trésorerie… vous êtes nombreux à être confrontés à un véritable casse-tête durant cette période de confinement. « Après la mise en place de la réforme 100% Santé et le plafonnement des remboursements des montures à 100 euros, c’est une claque monumentale pour les opticiens. Les banques ont accepté le report des prêts bancaires mais le prêt garanti par l’Etat (PGE) ne va pas pouvoir être déclenché rapidement, car les banques sont en dangers. Il y a donc un vrai risque de péril à court terme sur la trésorerie des commerces », nous fait savoir Eric Plat.

« Il faut une législation… »

A l’heure actuelle, moins de 10 magasins Atol ont obtenu l’annulation de leurs loyers sur 810 magasins dans le groupe Atol (745 points de vente au sein la coopérative). « Ce sont essentiellement des petits bailleurs qui l’ont acceptée », précise Eric Plat. Très peu d’opticiens ont également réussi à obtenir le report de leurs loyers. « Il faut une législation, sinon c’est au bon vouloir du bailleur », déplore-t-il.

« Sauver les emplois »

Dans cette lettre, les 200 patrons d’enseignes alertent également le gouvernement sur les conséquences pour les entreprises. « Votre implication dans le dialogue entre les commerçants et les bailleurs est plus que jamais essentielle dans l’objectif prioritaire de sauver les emplois », peut-on lire dans la lettre. Entre 400 000 à 500 000 emplois seraient menacés et plus de 50 000 magasins et restaurants en zone de danger. « L’urgence est réelle. La liste des magasins entrant en procédure de sauvegarde, de redressement, voire de liquidation judiciaire s'agrandit chaque jour », insistent les commerçants, qui réclament « un geste de solidarité et de justice ».

Avant de conclure : « dans cette attente nous vous demandons en urgence d’étendre à tout commerçant, quelle que soit sa taille, les dispositions de l’article 4 de l’ordonnance du 25 mars 2020 interdisant aux bailleurs d’appliquer des pénalités de retard, d’exécuter les clauses résolutoires ou d’activer les clauses résolutoires, cautions et garanties bancaires.»

Pour obtenir des précisions sur le report des loyers commerciaux, vous pouvez aussi (ré)écouter notre conférence avec les avocats Jean-Baptiste Gouache et Stéphane Ingold.