Les annonces de Gabriel Attal ce weekend concernant l'amélioration de l'accès aux soins n'a pas surpris grand-monde dans le monde de l'optique. 

Le président du syndicat national des ophtalmologistes de France, Vincent Dedes, a réagit auprès d'Acuite, ainsi que la Fédération nationale des opticiens de France via son président Hugues Verdier-Davioud.

 

Vincent Dedes (Snof) : « Cette annonce n'est pas vraiment surprenante. Cela fait longtemps que nous avons travaillé ce sujet, en collaboration avec les opticiens, pour que ces derniers puissent adapter les primo-prescriptions. Pour que la loi entre en vigueur, il manque seulement le décret d'application qui est aujourd'hui rédigé et prêt à être publié. 

C'est une mesure importante qui permet par exemple aux patients qui laissent trainer leur ordonnance dans leur tiroir pendant des mois de se diriger vers leur opticien pour une adaptation de la prescription. Cela s'applique aussi aux prescriptions qui font l'objet d'erreurs, ce qui arrive, ou lorsque le patient change de mode de vie. Il n'empêche qu'aujourd'hui, le nombre d'adaptations de primo prescriptions reste très marginale. L'adaptation de renouvellements, quant à elle, représente environ 5% des ordonnances.

Malgré les annonces faites par le gouvernement, il n'y a pas de difficultés d'accès aux équipements optiques en France aujourd'hui.

En revanche, ce qu'il faut développer, ce sont les moyens de communication entre les 3 O : tous les outils existent, il n'y a plus qu'à impliquer médecins et professionnels de santé pour qu'ils échangent mieux entre eux. L'idéal serait un espace partagé dédié à la santé visuelle, qui permettrait d'avoir une meilleure traçabilité à la fois pour le patient, pour l'ophtalmologiste, l'orthoptiste et l'opticien. Ce sont ces canaux de communication sécurisés qu'il faut généraliser - et qui sont obligatoires dans le cadre d'une modification ou adaptation des ordonnances ». 

 

Hugues Verdier-Davioud (Fnof) : « De la déclaration du 1er ministre, il est très prématuré de se prononcer car cela reste confus. Si on se contente de son annonce proprement dite, on se demande pourquoi le décret d'application n'est pas encore publié au Journal Officiel alors qu'il est rédigé et validé. Cette loi n'aura d'ailleurs que des effets très limités pour les patients comme pour les opticiens parce qu'il va concerner peu de bénéficiaires. 

Mais si on lit entre les lignes, on peut voir cette annonce comme une intention d'aller plus loin que ce qui existe aujourd'hui et de chercher un point d'appui chez les opticiens en leur donnant davantage de prérogatives pour améliorer l'accès aux soins, alors que le torchon brûle entre les médecins et l'exécutif, notamment sur les négociations de revalorisation des consultations.

Si le gouvernement souhaite instaurer des plots de santé ou envisager la primo prescription et la délivrance pour les opticiens, nous sommes à sa disposition et nous avons un dossier complet à lui transmettre ».