Les adaptations d'ordonnances, c'est une pratique fréquente, parfois quotidienne. Elle est soumise à plusieurs règles, qu'il s'agisse d'un renouvellement ou d'une première prescription, notamment en termes de communication avec l'ophtalmologiste ou l'orthoptiste prescripteur.
Rappel chronologique de la primo-adaptation
- Juillet 2022 : la convention avec la Cnam, article 17 paragraphe 2, pose les bases de l'adaptation de primo-prescription par les opticiens ;
- Mai 2023 : l'adaptation des primo-prescriptions par les opticiens est inscrite dans la loi Rist ;
- Juin 2024 : le décret parait au Journal Officiel, avec une nouveauté (à la demande du Rof) : sans réponse du prescripteur dans un délai de dix jours, la réponse du prescripteur est réputée favorable ;
- Mai 2025 : le Snof obtient du Conseil d'Etat l'annulation de cette notion de délai de 10 jours qui équivaut à une validation.
Pour résumer, à l'heure actuelle, les opticiens peuvent réaliser un examen de vue pour vérifier la première prescription d'un patient. Si l'examen révèle une différence de correction optique, l'opticien doit demander l'autorisation au prescripteur pour adapter l'ordonnance. Si le prescripteur ne fourni pas de réponse favorable par écrit sous 10 jours, l'opticien n'est pas autorisé à réaliser le nouvel équipement. Et le patient peut retourner à la case prescripteur, ou accepter un équipement optique avec lequel il sera plus ou moins à l'aise.
Adaptation d'un renouvellement (RA)
Pour mieux comprendre le fossé entre la théorie des lois et la pratique sur le terrain, nous vous avons proposé 3 sondages concernant l'adaptation des prescriptions et les échanges avec les prescripteurs dans ce cadre.
Lancés début mai 2025, près de 1 500 opticiens ont répondu à ces sondages dont voici les résultats :
1. Quel pourcentage de verres commandez-vous en "erreur ophta" ?
Tous les opticiens sont régulièrement amenés à revoir les corrections optiques inscrites sur les ordonnances. De nombreux opticiens nous ont indiqué que, globalement, plus les centres d'ophtalmologie sont grands, plus le turn-over des prescripteurs est important, et moins les corrections optiques indiquées sur l'ordonnance sont pertinentes. Il est devenu fréquent de qualifier certains centres d'ophtalmologie « d'usines », où la prise en charge médicale d'un patient dépasse rarement plus de 10 minutes. L'opticien, de son côté, prend souvent une vingtaine de minute pour un examen de vue complet.
Si l'opticien ne vérifie par la correction optique indiquée sur l'ordonnance, il risque de commander des verres qui ne satisferont pas le client. Il devra alors réaliser un examen de vue et recommander des verres, à ses frais - bien que les verriers font généralement un geste commercial.
- 25% des opticiens constatent jusqu'à 3% d'erreurs ophta
- 37% constatent en 3% et 6% d'erreurs
- 22% entre 6% et 9%
- 16% des opticiens commandent plus de 9% des verres suite à une erreur ophta
Ces chiffres confirment d'une part que :
- Un nombre important de prescripteurs, en général par manque de temps, ne réalisent qu'un examen de vue superficiel que l'opticien devra reprendre.
- L'opticien reste la clef de voûte de la prise en charge optique.

2. Contactez vous le prescripteur en cas d’adaptation de l’ordonnance ?
Communiquer avec le prescripteur en cas d'adaptation d'une ordonnance dans le cadre d'un renouvellement est d'abord obligatoire, mais aussi essentiel pour offrir le meilleur suivi au client. Elle est cependant interdite dans le cas où cela est stipulé sur l'ordonnance.
- 24% des répondants déclarent systématiquement contacter le prescripteur pour indiquer une modification de correction
- 17% contactent seulement les prescripteurs de leur zone
- 43% déclarent ne jamais le contacter
- 16% ne les contactent pas car ils leur font confiance.
De nombreux prescripteurs estiment en effet que les opticiens sont mieux placés et mieux formés pour réaliser des examens de vue approfondis. C'est la raison pour laquelle, sur le terrain, des relations de confiance ont remplacé la stricte application de l'obligation de communiquer la nouvelle correction.

3. Quand vous prévenez un prescripteur d’une adaptation de primo-prescription, il vous répond sous :
- 9% des répondants patientent moins de 24h
- 20% attendent jusqu'à 10 jours
- 8% n'obtiendront une réponse qu'au-delà de 10 jours
- 63% déclarent ne jamais obtenir de réponse.
On constate que, si les opticiens ont l'obligation de communiquer avec les prescripteurs, ils ne le font pas toujours. Et l'inverse est tout aussi vrai.
La loi ne précise pas un moyen de communication en particulier. Cependant, l'échange doit se faire de façon fiable et traçable.
Ophtalmologistes, orthoptistes et opticiens attendent toujours qu'une simple messagerie sécurisée unique soit mise en place par les autorités compétentes et imposée à tous (type MS Santé).


Pourquoi cette fichue acuité n'est pas une obligation ?! CA, ça serait vraiment utile pour nous, d'autant plus qu'ils l'ont eux.