Dans une page pleine de publicité parue dans Le Monde du 20 mars, intitulée « Vous n'en croirez pas vos yeux ! », le Groupement des Industriels et Fabricants de l'Optique (Gifo) alerte l'opinion et les pouvoirs publiques sur « les graves conséquences sanitaires, sociales, économiques et industrielles à venir ». Il remet en cause les mesures envisagées pour notre filière, notamment dans le cadre de la réforme de l'assurance complémentaire santé et la baisse des remboursements des frais d'optique. 
C'est lors d'une rencontre avec la ministre de la Santé, Marisol Touraine, que le Gifo, qui rassemble des fabricants de verres ophtalmiques, de montures de lunettes, de lentilles de contact, de composants, d'équipements d'optique et de photonique, a découvert les pistes que l'Etat entend imposer, à commencer par la fixation « des niveaux de prise en charge minimale mais aussi des plafonds de remboursement par catégorie de produits : pour la monture, le "verre simple" et le "verre complexe". » 

Les industriels de notre filière « refusent en effet ces plafonds associés à cette segmentation simpliste de leurs produits, qui auront des conséquences dramatiques sur la santé visuelle en compromettant l'accès à la qualité et à l'innovation, comme sur la compétitivité de leurs entreprises en France », s'alarment-ils. 
Dans le détail, ils estiment que « l'important déremboursement imposé par l'Etat aux assureurs santé, conjugué au maintien d'une TVA à 20%, va grever fortement le pouvoir d'achat des Français », et « s'inquiètent des conséquences dramatiques que pourraient avoir des décisions précipitées et cloisonnées sur les 10 500 salariés des 77 sites sur toute la France, sur les sous-traitants et les partenaires de la filière. » 
Jérôme Colin, administrateur du Gifo et codirigeant d'Oxibis, demande donc « expressément » aux autorités « le report des décrets sur le secteur de l'optique ». Pour appuyer encore l'effet de leur publicité, le Gifo a envoyé un communiqué à toutes les rédactions de la presse grand public pour les informer de ces problématiques. 

En tenant compte des minima et maxima de remboursements en optique, il est évident qu'une monture remboursée à 100 euros fera le jeu de l'industrie asiatique plutôt que de l'industrie française. On en vient à s'interroger sur la volonté de l'Etat qui met à mal depuis plusieurs mois non seulement les opticiens et leurs magasins, mais également toute une industrie optique connue et reconnue à travers le monde pour son savoir-faire. On s'étonne aussi que le Gouvernement s'appuie sur l'étude de l'UFC-Que choisir pour prendre ses décisions, alors qu'il n'a jamais réalisé d'autres études d'impact concernant notre filière et les porteurs. Dans ce contexte, la publicité du Gifo apparaît d'autant plus opportune que le même jour, l'association 60 millions de consommateurs a publié une virulente remise en cause de la qualité des produits et de l'innovation des verriers.

 

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