Plus de 300 professionnels de santé mais aussi des parlementaires étaient réunis hier à Paris pour la réunion de restitution des travaux de la Grande conférence de la Santé. Le Syndicat des opticiens entrepreneurs, (SynOpe), l’Union des Opticiens (UDO) et l’Association des optométristes de France (AOF) étaient présents. Du côté des audioprothésistes, Luis Godinho, président du Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf) était également convié.

Objectif de cette grande conférence : mener une réflexion visant à améliorer la formation des professionnels au regard des enjeux de santé liés à la territorialité, la transversalité, et l’évolution des besoins de santé. Il s’agit de favoriser également les interactions entre les différentes professions de santé qui travaillent au quotidien dans un cadre pluridisciplinaire, avec l’identification de troncs de formation commun partagés. C’est aussi faciliter les passerelles entre les différents métiers de santé, et notamment entre les études paramédicales et médicales. Autre objectif : mettre en place à moyen terme l’universitarisation des formations de toutes les professions de santé, garantir leur évaluation et l’accès à la recherche. Ces travaux ont donné lieu à l’élaboration d’une feuille de route qui comprend 22 mesures.

Alexandra Duvauchelle, déléguée Générale du SynOpe, a confié à acuite.fr que si cette grande conférence de santé ne constitue pas un « Grand soir » pour l’évolution de notre système de santé, les conclusions représentent néanmoins une véritable opportunité d’aboutir enfin à la réingénierie du diplôme d’opticien depuis longtemps promise mais toujours pas initiée. Selon elle, ces travaux  « favoriseront l’inscription de cette réingénierie dans un processus d’universitarisation et de mutualisation de socle de formation commun aux professions paramédicaux de santé visuelle, et d’identification de compétences étendues pour répondre aux besoins de santé visuelle grandissants face à une démographie médicale déclinante. Cela s’inscrit également dans une logique de développement de pratiques avancées ».

Le Synope souhaite ainsi l’initiation des travaux de réingénierie du diplôme d’opticien, afin d’inscrire la formation dans cette démarche qui est traduite par trois recommandations faites par l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) dans son rapport remis en juin dernier au ministère.

Il s'agit de :

  • procéder à la refonte de la formation d’opticien et à leur intégration dans le Schéma LMD
  • expertiser la faisabilité d’un socle commun aux études paramédicales du secteur visuel
  • et mettre à l’étude l’opportunité de définir un master de santé visuelle ouvert aux opticiens et orthoptistes.

Pour sa part, Luis Godinho prône pour les audioprothésistes l’évolution du diplôme vers un bac+5 en raison de la baisse du nombre d’ORL. « Nous devons mener une réflexion pour que  les audioprothésistes soient mieux formés et que leurs compétences soient étendues, car de plus en plus de patients ont besoin d’ORL », nous a-t-il fait savoir.

La grande conférence de la Santé s’est clôturée par le discours de Manuel Valls. Il a expliqué que « les diplômés paramédicaux auront accès aux deuxième et troisième années de médecine à partir de 2017, en suivant les mêmes procédures que l’ensemble des étudiants ». Pour y parvenir, « un travail sera mené en concertation avec les acteurs, notamment les présidents d’université et les doyens des UFR médicales, et le Haut conseil des professions paramédicales, afin de préciser les pré-requis demandés aux étudiants, notamment en matière d’exercice professionnel », précise la feuille de route publiée à l’issue de la conférence.

Plus généralement, il s'agit d' « appliquer progressivement aux formations paramédicales les standards universitaires, (ndlr notamment pour les opticiens). En harmonisant, d’abord, par convention, les aspects pédagogiques et les diplômes. Et en permettant, à terme, aux universités de délivrer un diplôme aux étudiants des instituts et écoles qui répondront à ces critères, avec toute la rigueur et l’exigence nécessaires ».

Le gouvernement s'engage ainsi à « étudier les conditions de déploiement d’une offre publique de formation pour toutes les professions de santé », afin de remédier aux tarifs exorbitants des formations paramédicales délivrés dans certains établissements privés.
Après un inventaire des besoins régionaux, une « mission » sur le sujet est attendue pour « fin 2016 ».