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« Les lunettes font de la résistance » : Entretien avec Laurent Lutaud, réalisateur

« Les lunettes font de la résistance » : Entretien avec Laurent Lutaud, réalisateur
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Face à la mondialisation, nos lunetiers résistent et se battent chaque jour pour faire vivre « la lunette française ». Un sujet qui a attiré l’œil de Laurent Lutaud, réalisateur du documentaire « Les lunettes font de la résistance » tourné en 2015 et diffusé le 23 mai dernier sur France 3 Franche-Comté. Acuité a voulu en savoir plus sur sa perception et son sentiment vis-à-vis de notre secteur d’activité. Interview…

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Acuité : Qu’est-ce qui vous a conduit à réaliser ce documentaire ?

Laurent Lutaud : J’ai déjà réalisé en 2004 un premier film sur l’histoire de Morez (« Une ville, une usine », ndlr), qui s’est entièrement développée autour de la lunetterie. A l’époque, très peu d’entreprises ont accepté de m’ouvrir leurs portes. Ce qu’elles ont regretté par la suite. Aussi, l’an dernier en discutant avec le directeur des programmes de France 3, nous avons eu l’idée de mettre en avant la situation économique de ce bassin qui a la particularité d’avoir réussi à se maintenir face à la mondialisation. Nous avons voulu savoir pourquoi ce qui n’a pas marché ailleurs, fonctionne sur le secteur de la lunetterie.

A. : C’est donc un secteur que vous connaissez. Comment le percevez-vous ?

L.L. : Oui, j’ai pris le virus de suivre un peu cette filière et, à chaque fois, je suis surpris de voir certaines entreprises fermer leurs portes et à contrario d’autres s’ouvrir. Pour notre documentaire, nous avons pris l’histoire de Gouverneur Audigier comme fil rouge. Une marque relancée aujourd’hui, qui montre bien le dynamisme de ce secteur d’activité.

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A. : En quoi, le secteur de la lunetterie française est-il pour vous un exemple de réussite et de résistance ?

L.L. : Il se maintient de par sa créativité. Les gammes de prix sont larges et la mode fait que les tendances se renouvellent souvent. Aussi, la concurrence de la mécanisation ne se ressent pas. Il y a même encore aujourd’hui la possibilité de trouver des parts de marché chez les lunetiers français, qui sont dans le peloton de tête au niveau mondial en termes de qualité du produit.

A. : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

L.L. : Ce n’était pas nouveau pour moi, mais j’ai été une fois de plus marqué par le temps nécessaire à la création d’une paire de lunettes. C’est finalement un objet quasiment personnalisé. Tous les petits détails ont leur importance et les lunetiers déposent de nombreux brevets pour développer de nouvelles technologies. Ce savoir-faire est fascinant.

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A. : Racontez-nous une anecdote vécue pendant le tournage.

L.L. : Je n’ai pas vraiment d’anecdote de tournage mais toute l’équipe, qui ne connaissait pas le secteur, a été sidérée du temps passé sur une monture. Les gens ne se rendent vraiment pas compte du travail que ça demande.

A. : C’est le message adressé au consommateur…

L.L. : Oui, tout à fait. La lunette est un objet complexe qui n’est pas perçue comme tel car on en trouve à 10 euros chez le pharmacien. Tant qu’on a pas rencontré les fabricants, on ne peut pas s’imaginer le travail en amont. C’est tout à fait paradoxal car ça nous sert à voir mais on ne voit pas comment c’est fait. On comprend ensuite qu’on puisse mettre jusqu’à 300 euros dans une belle monture. C’est sûr que les entreprises font de l’argent mais elles le font pour vivre, payer leurs salariés et pouvoir financer des investissements lourds, comme pour un opticien en magasin.

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A. : Un message à faire passer aux fabricants ?

L.L. : Continuer sur cette lancée et essayer de partager. Ils sont toujours un peu inquiets et méfiants à mutualiser leur savoir alors qu’ils savent pertinemment depuis longtemps qu’ils ont besoin de se regrouper. Après, dans l’état d’esprit et dans l’éthique, cette filière est intelligente.

A. : Avez-vous des regrets, des sujets que vous n’avez pas pu abordés ?

L.L. : Globalement, non. Nous avons réussi à tout dire. On aurait peut-être pu rentrer davantage dans le détail de l’histoire de certains lunetiers mais je ne suis pas sûr que cela aurait intéressé le public. Nous avons fait également le choix de ne pas parler des modes de distribution, qui est un sujet plutôt magazine et traité par les journaux télévisés.

Écrit par la Rédaction
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