"Les enjeux de santé publique de l’audioprothèse ne font plus débat. Dans ce contexte, et pour contribuer à promouvoir une profession aux contours mal connus, l’Unsaf a engagé une action de valorisation de la qualité et des bonnes pratiques", a souligné Luis Godinho, président du syndicat lors d'une conférence de presse le 4 juillet. Ce dernier va également demander une étude et une prévision sur les besoins en termes d’effectifs de la profession, auprès de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS). Il appelle les pouvoirs publics "à se mobiliser sur cet enjeu stratégique pour les années à venir, afin de construire une politique volontaire".

Charte, décret et quotas

Pour concrétiser cet objetif, l'Unsaf s'est engagé à mettre en oeuvre 3 initiatives. La première est une charte des bonnes pratiques en audioprothèse à destination des patients. D'ores et déjà disponible, elle se présente sous la forme d'une affiche que les professionnels sont invités à diffuser dans leur laboratoires. Les 10 engagements pris sont :

  • La détection gratuite des troubles auditifs
  • Une communication responsable
  • Des explications adaptées
  • Un choix de solutions abordables
  • Un devis clair et détaillé
  • L’accessibilité aux lieux publics avec la boucle magnétique
  • Un essai préalable
  • Un suivi régulier et illimité
  • Un suivi assuré en cas de déménagement
  • Un accompagnement pour les démarches administratives

Pour aller plus loin, l'Unsaf s'engage a solliciter le ministère de la Santé afin de rédiger un décret définissant les règles de bonnes pratiques professionnelles.Cette initiative a été prise en collaboration avec le Collège national d’audioprothèse (CNA). "Pour cela, des contacts vont être pris avec le ministère de la Santé afin d’initier au plus vite la procédure", précise Luis Godinho.

Enfin, alors que le nombre d'appreils délivrés augmente de 6% par an, un débat a été ouvert sur l’intérêt d’augmenter, ou pas, le nombre d’audioprothésistes. L’Unsaf souhaite y participer de façon active et constructive. Alors qu’il n’existe pas actuellement de dispositif officiel d’analyse et de suivi de la démographie de la profession, le syndicat va inviter l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS), à travailler sur une étude et une prévision des besoins en termes d’effectifs de la profession. "Ceci permettra de disposer de données objectives et fiables afin d’orienter la décision sur les quotas d’audioprothésistes à former dans les 7 écoles dédiées", précise son président.

6 millions de personnes concernées par le déficit auditif

En France, 9,3% de la population est concernée par le déficit auditif, soit environ 6 millions de personnes, dont les deux tiers ont plus de 60 ans. Sur ces 6 millions de personnes atteintes de déficit auditif, seules 2 millions sont équipées. Or, le déficit auditif non traité, multiplie par 3 la souffrance psychique et les tentatives de suicide, multiplie par 2 le déclin cognitif et multiplie par 3 les risques de chutes chez les personnes âgées. Il représente un poids financier pour la société lié à la dégradation de la qualité de vie, les années de travail perdues et les dépenses de santé qui en découlent. Concrètement l’audition est désormais un enjeu de santé publique.

"Il serait d’ailleurs souhaitable que la qualité de l’audition devienne l’un des critères d’appréciation de l’espérance de vie en bonne santé. Les politiques retenues jusqu’à présent en matière de prise en charge de l’audioprothèse avec des niveaux de remboursements très insuffisants, générant un reste à charge moyen pour les adultes compris entre 60 et 65%, ont conduit à l’apparition d’une véritable fracture auditive", conclut l'Unsaf.