David Schapiro est ophtalmologiste à Paris. Vice-président de l'UFML (Union française pour une médecine libre), il dénonce dans les colonnes du Nouvel Observateur un « mutuelles-gate », estimant que « la médecine libérale est sur le point de disparaître ». Dans l'accord relatif aux dépassements d'honoraires signé fin octobre, « on commence à poser les bases d'une différence de remboursement des patients par les mutuelles en fonction du médecin qu'ils vont aller voir », souligne-t-il (une des dispositions précise que « l'Unocam s'engage à inciter les organismes d'assurance maladie complémentaires à prendre en charge de manière privilégiée les dépassements d'honoraires des médecins adhérant au contrat d'accès aux soins, lorsque le contrat complémentaire prévoit une prise en charge de dépassement », ndlr).
 
Craignant un développement des remboursements différenciés, le Dr. Schapiro prévient que « demain, des médecins mutualistes seront salariés par les mutuelles. Qui dit salarié dit totale mainmise du patron sur son employé. Le directeur de la mutuelle dira à son médecin que cette semaine, il prescrit telle ou telle prothèse parce qu'aujourd'hui, c'est les soldes. Si le patient veut continuer à voir son médecin habituel, il lui faudra payer de sa poche. On se dirige vers une médecine à deux vitesses ».
 
Très remonté contre les Ocam, l'ophtalmologiste explique que la Mutualité engrange 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an, alors que les dépassements d'honoraires des médecins pèsent 2,5 milliards d'euros. Il rappelle que « la mutuelle MACSF vient d'acheter pour 200 millions d'euros le Château Lacombe, dans le Bordelais » et que « la mutualité française est le plus gros propriétaire viticole de France ». Le praticien dénonce les « 30% de frais de gestion de la mutualité ». « Nous voulons que les mutuelles publient leurs comptes. Leur opacité est toujours protégée. Elles continuent à être milliardaires et paient des bateaux dans le Vendée Globe au lieu de rembourser les patients ».