Le secteur de l'ophtalmologie a le vent en poupe, du moins peut-on le penser suite à la multiplication des opérations de fusions/acquisitions par de grands groupes pharmaceutiques. Novartis a ainsi annoncé sa réorganisation autour de ses trois activités les plus rentables pour renforcer sa solidité financière : la pharmacie de prescription, les produits d'automédication et l'ophtalmologie, secteur représenté par Alcon qui a réalisé, en 2013, un chiffre d'affaires net de 7,6 milliards d'euros (en hausse de 5% à taux de change constant par rapport à 2012).

Dans le détail, la croissance du pôle Médicaments ophtalmiques (+5% à taux de change constant) résulte d'importants gains de parts de marché dans les principaux segments (chirurgie, médicaments ophtalmiques, soins de la vision), mais a été impactée par la concurrence des génériques dans le segment du glaucome aux Etats-Unis. L'activité Soins de la vision a gagné 4% à taux de change constant en raison de la croissance des ventes de lentilles de contact partiellement neutralisée par le recul du marché des produits d'entretien de lentilles. Notons par ailleurs que le Lucentis (traitement de la DMLA) fait partie des activités pharmaceutiques de Novartis et non pas du segment ophtalmologie du groupe. 

L'autre grande opération annoncée fin avril concerne l'OPA lancée par le canadien Valeant et le fonds Pershing Square Capital sur l'américain Allergan. Pour mémoire, ce groupe s'est construit grâce à l'ophtalmologie puis au Botox (initialement utilisé en ophtalmologie). Dans l'ophtalmologie où il s'est positionné il y a cinquante ans, le laboratoire californien est le numéro deux mondial derrière Novartis, grâce à ses traitements du glaucome, de la sécheresse oculaire et des maladies de la rétine. Ce rapprochement éliminerait de fait la concurrence qui existe entre les groupes qui fabriquent tous deux des produits ophtalmologiques pour les yeux secs (le Restasis d'Allergan et le Lacrisert de Valeant). 
L'offre, non sollicitée, valorise Allergan 33 milliards d'euros environ, soit plus de 7 fois son chiffre d'affaires 2013. Mais Bill Ackerman, le PDG de Pershing Square, considère qu'Allergan reste encore sous-évalué. Valeant est déjà très présent dans l'ophtalmologie en particulier suite au rachat de Bausch & Lomb. Pour ce dernier, ce serait une bonne opération qui lui permettrait de peser davantage dans la santé visuelle mais aussi d'améliorer ses marges.