Aux Etats-Unis, la guerre fait rage pour la vente des lentilles. Depuis 2003, la loi FCLA donne la liberté aux porteurs d’acheter leurs lentilles où ils le souhaitent. Cette mesure n’a pas porté préjudice à la santé visuelle des consommateurs puisque les vendeurs, de type grande distribution et revendeurs en ligne, ont été étroitement surveillés par la Federal Trade Commission.

Selon « La Coalition », groupe en faveur de la déréglementation du marché des lentilles, il ressort que les consommateurs qui achètent leurs lentilles chez les non-prescripteurs respectent davantage les suggestions des directives d’utilisation des fabricants, sont moins sujets à des infections, consultent les professionnels de santé visuelle au même rythme que ceux qui achètent leurs lentilles auprès de spécialistes. Il sont aussi plus susceptibles de porter des lentilles propres et fraîches quand elles sont faciles à acheter et à un prix abordable.

Mais cette situation n’est pas du goût de tous, notamment de l’AOA (American Optometric Association) et des grands fabricants tels que Johnson & Johnson, Alcon, CooperVision ou Bausch & Lomb. Ils ont présenté un projet de loi (la CLCHPA) qui complique singulièrement l’achat de lentilles dans les enseignes non spécialisées, type Walmart. Cette nouvelle loi ajouterait des obstacles au processus de vérification de la prescription et limiterait la capacité des consommateurs à s’adresser aux grandes surfaces et sites internet comme 1-800 Contacts, Costco ou Lens.com.

L’AOA a ainsi multiplié les efforts pour convaincre les législateurs d’appuyer la CLCHPA. L’association a, par exemple, tenu mi-avril un rassemblement de mobilisation à l’attention du Congrès, regroupant des optométristes-membres, des leaders et des étudiants à Washington, D.C., afin de faire entendre les priorités et préoccupations des professionnels de la vue aux législateurs américains. Les leaders de la fabrication des lentilles cornéennes soutiennent la démarche et soulignent l’importance du maintien de la relation docteur-patient. Après avoir échoué à imposer un prix minimum aux revendeurs, les laboratoires tentent une nouvelle stratégie pour restreindre la distribution.

En face, la riposte s’organise avec La Coalition qui a lancée une pétition demandant aux sénateurs et membres de la Chambre des représentants de rejeter le projet de loi, proposé par l’AOA.

Une véritable bataille juridique est ouverte. Difficile pour l’heure de prévoir qui sortira vainqueur…