Quelles sont les habitudes des patients pour le renouvellement de leurs lunettes, plus de 10 ans après le décret de 2007 qui autorise les opticiens à renouveler un équipement optique sur la base d’une ordonnance valide ? Pour le savoir, le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) a mené l’été dernier une enquête auprès de 2971 patients*.

Le passage chez l’ophtalmologiste : une habitude bien ancrée

Principal enseignement : 89% des répondants sont passés chez leur ophtalmologiste pour un renouvellement. Et 76% ont déclaré préférer consulter plutôt que de se rendre dans ce cas chez l’opticien. Ces résultats ne sont pas étonnants : comme le souligne le Snof, le passage chez l’ophtalmologiste reste une habitude profondément ancrée dans les comportements des patients. De plus, 71% des Français seulement sont informés de la possibilité de renouveler leur équipement directement chez l’opticien.

Pour que les protocoles de délégations de tâches puissent prendre de plus en plus de place, il est impératif, selon le syndicat des ophtalmologistes, que « les opticiens prennent toute leur place au sein de ce parcours médicalisé ». A condition de respecter l’obligation d’information au prescripteur lors d’une adaptation de la prescription. Dans une précédente étude du syndicat réalisée en avril 2019, les ophtalmologistes estimaient que plus de 8 opticiens sur 10 ne respectaient pas cette obligation. Une meilleure transmission des données est pourtant indispensable pour que le dernier décret Opticiens de 2016 puisse donner sa pleine mesure.

Consolider la filière visuelle avec tous ses acteurs 

Le Snof reconnaît toutefois que les délégations de tâches (y compris aux opticiens) ont déjà conduit à une amélioration de l’accès aux équipements optiques : « Le système français permet la délivrance de 14 millions d’équipements optiques par an contre 8,6 millions il y a 10 ans », fait-il savoir. Et ces progrès devraient se poursuivre avec, en particulier, le déploiement du décret de 2016 et la création de la cotation de réfraction chez l’opticien avec le 100% Santé à partir de janvier 2020.

« Le 100 % Santé pourrait être l’occasion d’améliorer la confiance des patients et des ophtalmologistes à l'égard des opticiens en rendant effective la transmission des données des adaptations par les opticiens vers les ophtalmologistes et en renforçant l’information vers les patients sur les possibilités existantes et les obligations rattachées », analyse le Dr Thierry Bour, président du Snof. En effet, dans une récente vidéo pédagogique, les pouvoirs publics estiment que la réforme 100% Santé va faciliter le renouvellement des lunettes directement chez l’opticien et l’accès aux soins. Pour le Snof, « il s’agit maintenant de consolider notre organisation avec l’ensemble des partenaires de la filière visuelle ». Et de conclure : « La mission Igas en cours sera notamment déterminante pour revoir la formation des opticiens et les aider à prendre leur place dans la filière visuelle tout en préservant un parcours médicalisé efficace. »

*Enquête Snof menée du 24 mai au 2 juillet 2019 auprès de 2 761 patients.