Avec la propagation de la pandémie de Covid-19, ce sont désormais plus de 3 milliards de personnes qui sont confinées, et tous les continents sont touchés. Comment les opticiens à l’étranger vivent-ils cette situation et s’organisent-ils ? Quels sont les dispositifs d’accompagnement dont ils disposent ? Acuité vous propose une série de témoignages de vos confrères. Premier épisode avec Reza Abbas Farishta, optométriste et PHD de neurosciences, qui exerce et enseigne depuis 12 ans à Montréal au Canada.
 

Acuité : Quel est l’état d’esprit de la population ?

Reza Abbas Farishta : Il y a eu une prise de conscience assez rapide. Les gens sont assez disciplinés par rapport au confinement.
 

A. : Les opticiens poursuivent-ils leur activité ?

R.A.F. : Actuellement, seules les activités essentielles peuvent être maintenues en l’état. Les magasins d’optique peuvent continuer à fournir des équipements optiques à la population dans des cas « urgents » (bris de verre, forte correction, renouvellement de lentilles, etc.). Ils sont autorisés également à assurer leur activité d’optométrie, mais restreinte et quand ils ont un cabinet intégré. Cet exercice est limité aux services d’urgence – qui représentent 10% à 15% de l’activité habituelle. Tout ce qui n’est pas urgent fait l’objet d’un échange téléphonique avec le patient ou d’une vidéo-conférence, après un tri des demandes. Pour le cas où les patients viennent nous consulter, nous disposons de thermomètres sans contact commandés par notre association professionnelle (ACO, Association canadienne des optométristes). Nous pouvons ainsi rediriger les patients fiévreux. C’est utile, car certains problèmes comme des conjonctivites peuvent aussi être des symptômes d’une contamination au virus Covid-19.

 

A. : Comment la profession s’organise-t-elle en temps de confinement ?

R.A.F. : Il y a plutôt une bonne réaction et coordination des acteurs du secteur, opticiens comme optométristes. L’objectif est d’avoir une continuité de service garantie par un maillage minimum d’un professionnel ouvert par secteur. On a les listes des cabinets et magasin ouverts, on se coordonne par groupes Facebook entre professionnels, certains optométristes communiquent directement avec les ophtalmologistes par texto ou email.

 

A. : De quelles aides publiques disposez-vous ?

R.A.F. : Les salariés mis au chômage basculent sur un régime d’indemnisation de chômage technique. Des aides à la fois fédérales et provinciales ont par ailleurs été mises en place. Pour les travailleurs indépendants, qui sont nombreux dans le pays, c’est plus compliqué. Il y a une aide provinciale pour ceux qui sont en quarantaine et une aide fédérale de 2 000 dollars canadiens/mois qui est proposée pour compenser l’arrêt d’activité.