À intervalles réguliers, vous renouvelez votre meuleuse, ou colonne de prise de mesures, pupillomètre, terminaux pour la carte vitale ou bancaire, vos ordinateurs, imprimantes, tablettes tactiles, claviers, souris, câbles divers qui trainent dans les tiroirs… tous ces matériels indispensables qui finissent par devenir obsolètes et rendre l’âme.

La législation a évolué récemment : sachez qu’il est interdit pour une entreprise de déposer ce matériel professionnel dans les déchetteries, sous peine d'amende.

portrait_jeremy_ratabour.jpgPaprec, société spécialisée dans le recyclage, était présent au Cold pour en informer les opticiens et les industriels et distributeurs. Jeremy Ratabour, attaché commercial Paprec D3E* et opticien de formation, nous explique la règlementation en vigueur.

Acuite : Que signifie D3E ?

Jeremy Ratabour : Ce sont les Déchets d'Equipements Electriques et Electroniques. Grosso modo, il s'agit de tous les appareils qui fonctionnent directement sur secteur ou avec une batterie. Il y en a aujourd’hui partout, notamment chez les opticiens. Ce sont déchets dits « dangereux » et leur croissance est 3 fois plus rapide que les autres types de déchets.

AC : Comment s'en débarrasser ?

JR : Lorsque les opticiens renouvellent leur parc de matériel électronique, les fabricants récupèrent généralement certaines machines, comme les meuleuses, mais pas systématiquement. C'est bien là le problème : la loi dit que les fabricants sont responsables des déchets qu'ils produisent, mais c'est souvent au propriétaire final de s'en occuper. Et jusqu’à peu, le traitement de ces déchets était géré par des ferrailleurs génériques dont la méthode de recyclage n’était pas optimale.

Depuis juillet 2022, les D3E doivent obligatoirement faire l’objet d’un suivi via Track Déchet, une plateforme en ligne qui permet de suivre leur prise en charge par une société de recyclage.

Une société commerciale, quelle que soit sa taille, qui veut se séparer de ces déchets, doit nécessairement passer par cette plateforme, et non les déposer en déchetterie.

AC : Comment ces déchets sont-ils traités ?

JR : Tout va dépendre de l’état du matériel : pour un ordinateur, on va évaluer son état de fonctionnement. Après destruction des données*, il sera soit remis en état et réintroduit sur le marché, soit valorisé à travers une étape de broyage et tri des matériaux qui deviendront autant de matières premières secondaires pour d’autres usages industriels. Concernant l’informatique par exemple, il est possible de réutiliser jusqu’à 85% du matériel collectés.

AC : Quelles démarches pour l’opticien ?

JR : Il est interdit pour un professionnel de déposer les D3E en déchetterie, sous peine d’amende. Il est donc recommandé à l’opticien de se rapprocher du fabricant du matériel concerné, de son enseigne ou de sa centrale d’achat pour se séparer de son matériel électronique défectueux ou usagé. L’opticien peut aussi directement contacter une société de recyclage habilitée pour obtenir les conseils les plus appropriés à la situation.

*la destruction des données RGPD est une étape essentielle, bien que la plupart des informations ne soient pas stockées sur l’ordinateur mais sur des serveurs. Les données sont systématiquement effacées et garanties grâce à un certificat homologué.