En janvier 2025, le Shift Project publiait son rapport provisoire sur la décarbonation des dispositif médicaux (DM).
Ce mardi 17 juin, il publie le rapport définitif, en collaboration avec l'Assurance maladie, le Haut Conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie et la MGEN.
Empreinte carbone de la filière de l'optique-lunetterie en France
Les dispositifs optiques comprennent spécifiquement les verres optiques, les montures de lunettes et les lentilles de contact.
Le rapport indique que les dispositifs optiques consommés en France induisent des émissions d'environ 220 ktCO2e par an*. Soit l'équivalent des émissions annuelle de 24 400 Français (9,4 tonnes/personne).
- Les émissions proviennent en premier lieu de la production, en particulier en raison de la forte consommation d'énergie, souvent carbonée, due à l'implantation d'une partie de la production en Asie.
- Le 2e poste d'émission réside dans la transformation des matières premières, notamment les plastiques.
- Le transport aérien est fréquemment privilégié pour l'importation de ces dispositifs, ce qui contribue significativement à leur empreinte carbone. Cela est particulièrement vrai pour les montures de classe A (100% Santé), les deuxièmes paires, les verres semi-finis et les accessoires de montures.
- En ce qui concerne les lentilles de contact, les emballages sont une source considérable d'émissions de CO2 eq.
Objectif : baisser de 74% l'empreinte carbone de la filière
Le secteur des dispositifs optiques pourrait potentiellement diminuer ses émissions de 74 % d'ici 2050. Voici les leviers identifiés :
- Relocaliser en Europe une partie de la production : il est recommandé de prioriser la production de montures de classe B, la production des semi-finis et le surfaçage des verres de prescription.
- Inciter les industries à une décarbonation effective : cela implique de mobiliser les mutuelles, les réseaux de soins et les enseignes d'opticiens pour favoriser les produits les plus vertueux sur le plan environnemental.
- Décarboner la production des matières premières : il est crucial de mobiliser les fournisseurs de polymères et de privilégier des matériaux bas carbone pour les montures.
- Réduire le recours au transport aérien : l'accent doit être mis sur la réduction du fret aérien, notamment pour les montures de classe A, les deuxièmes paires, les verres semi-finis et les accessoires des montures.
D'autres actions complémentaires sont également suggérées
- Décarboner les consommations d'énergie des sites de production.
- Développer l'économie circulaire pour les montures.
- Électrifier et réduire la fréquence des livraisons des enseignes.
- Réfléchir à la pertinence des deuxièmes paires offertes, par exemple lors des renouvellements de montures sans changement de correction.
Fiche "Décarboner les dispositifs optiques" @Shift Project
Le Shift Project résume l'enjeu ainsi : « Si rien n’est fait, les émissions annuelles des industries des dispositifs médicaux pourraient augmenter en raison de la consommation accrue due notamment au vieillissement de la population, à l’augmentation des maladies chroniques liée notamment à la pollution et à la dégradation du climat, à l’évolution des dispositifs médicaux proposés (augmentation de certains dépistages, usage du numérique) ».
*L'empreinte carbone annuelle en France en 2022 est estimée à 623 millions de tonnes de CO2 eq. Avec ses 220 000 tCO2 eq par an, l'optique-lunetterie représenterait ainsi 0,04% des émissions nationales.