Dans un discours aux accents de vérité et d’urgence, le Premier ministre François Bayrou a dévoilé ce mardi 15 juillet un plan d'assainissement budgétaire et de reconquête économique, centré sur la nécessité de maîtriser les dépenses publiques, notamment dans le secteur de la santé, tout en stimulant la production nationale.

Pour les professionnels de la santé visuelle et de l’optique, ces orientations peuvent marquer un tournant dans la gestion de la dépense et l'encouragement de la production nationale.

Un déficit public hors de contrôle

« Nous vivons un moment de vérité, un moment historique. Il faut agir vite, fort, et avec justesse. La France a un déficit public de 3 000 milliards d'euros actuellement, et progresse chaque année. Nous sommes le pays du monde qui a le plus de dépenses publiques, le plus d'impôts et de charges. Et pourtant notre économie souffre, les Français sont mécontents de leurs services publics, et nous sommes le pays le plus pessimiste du monde ». Sans oublier les guerres et la violence des rapports de force économiques. 

Un système de santé à rééquilibrer sans sacrifier la qualité

François Bayrou a pointé une dérive préoccupante des dépenses de santé, avec une progression de +10 milliards d'euros prévue pour l’année prochaine. Le gouvernement vise une réduction de 5 milliards d’euros dans ce secteur, en s'appuyant sur les recommandations de la Cnam, tout en assurant qu'il n’y aura ni baisse de qualité ni recul de l’accès aux soins.

Plusieurs leviers sont envisagés :

  • Responsabilisation des patients : freiner les consultations répétées, les actes redondants (multiplication des scanners, consultations multiples pour un même avis), et promouvoir une approche plus raisonnable de la consommation médicale.
  • Lutte contre les abus : en matière d’arrêts maladie, 50 % ne seraient plus justifiés lors des contrôles. Une réforme du système de reprise après arrêt est aussi envisagée pour éviter les blocages liés au manque de médecins.
  • Prévention et suivi médical : vaccination renforcée (notamment contre la grippe), généralisation du Dossier Médical Partagé, qui deviendra obligatoire, avec recours à l’IA pour améliorer la coordination des soins.
  • Réemploi des dispositifs médicaux (fauteuils roulants, cannes…) pour limiter le gaspillage.
  • Meilleure gestion hospitalière : sur les achats, les soins ambulatoires, et la mutualisation des ressources rares (comme les médicaments onéreux proches de la péremption).

L’objectif est clair : préserver la qualité de notre système tout en mettant fin à des logiques inflationnistes. Pour les filières médicales et paramédicales, notamment en optique, cela signifie davantage de rigueur attendue sur les équipements, un recentrage sur la prévention, et probablement une nouvelle structuration des remboursements.

Relancer la production nationale, y compris dans la filière santé

« Pour distribuer, il faut produire », martèle Bayrou. Le redressement des comptes publics passe par la reconquête de la production française, un pilier du plan gouvernemental qui concerne directement les secteurs de la santé et de l’optique, souvent dépendants des chaînes d’approvisionnement internationales.

Parmi les mesures phares :

  • Revue des filières déficitaires : l’État engagera une stratégie de relocalisation ciblée, en fédérant PME et grandes entreprises. Un signal fort pour les fabricants de dispositifs médicaux et les acteurs de la lunetterie française.
  • Encouragement des circuits courts : l’optique, qui mêle santé, artisanat et innovation, pourrait être l’un des secteurs à valoriser dans cette dynamique.
  • Priorité à l’achat européen dans les marchés publics, une opportunité pour les fabricants locaux.
  • Investissements accrus dans l’innovation via France 2030, avec un accent particulier sur l’IA et la cybersécurité, qui pourraient transformer les outils de diagnostic et les plateformes de suivi patients.
  • Simplification réglementaire et réduction de la bureaucratie, afin d’alléger la charge administrative qui pèse sur les entreprises

En parallèle, deux jours fériés pourraient être supprimés (le lundi de Pâques et le 8 mai ont été évoqués), dans le but de redonner du souffle à la production nationale – une mesure qui pourrait impacter les organisations de travail dans les cabinets et commerces de santé.

Ce que cela signifie pour la filière optique

Dans un contexte où la santé visuelle devient un enjeu de santé publique croissant, la filière optique doit s’emparer de ces nouvelles orientations : en prouvant sa capacité à allier qualité des soins, sobriété économique, et ancrage territorial. C’est aussi une invitation à innover, à digitaliser les parcours de soins, et à renforcer la traçabilité des dispositifs médicaux.