Invité à l'émission matinale de Thomas Sotto sur Europe 1, baptisée « La question qui fâche », Marc Simoncini n'a pas mâché ses mots à l'encontre des Complémentaires santé. Il a indiqué que « les mutuelles et les opticiens se gavent sur le dos des consommateurs ». Selon le fondateur du site de vente en ligne de produits optiques, Sensee, ceci s'explique « pour une bonne raison : c'est que les lunettes sont des produits prépayés, puisque les Français prépayent leurs lunettes en cotisant tout au long de l'année et ont donc acquis un droit de consommer des lunettes. A partir du moment où le droit est acquis les gens ne font plus attention au prix des lunettes. En général d'ailleurs, ils ne le connaissent pas », a-t-il souligné. 

Pour lutter contre ce phénomène, a alors rappelé le journaliste, l'Etat veut plafonner le remboursement par les mutuelles à 450 euros par paire dès 2015. Marc Simoncini a indiqué qu'il n'avait pas pris part à ce débat, précisément parce que les prix qu'il pratique « sont tellement en-dessous de ces forfaits-là, que la valeur du forfait nous importe peu. Nous vendons sur Internet avec des prix pouvant être jusqu'à deux fois moins chers qu'en magasin pour les mêmes produits. Mais il faut absolument trouver une manière d'arrêter l'inflation du prix des lunettes qui est lié à la fois à ce que les mutuelles font, et aux prix qui sont pratiqués par les opticiens... » 

Il a ensuite précisé que les forfaits optiques proposés par les mutuelles « sont avant tout des produits d'appel : plus les lunettes sont chères plus vous choisissez votre mutuelle en fonction du remboursement des lunettes, et plus avez cotisé pour payer vos lunettes, plus vous achetez de lunettes chères en magasin... Donc ce système s'auto-alimente depuis des années, et ça arrange à priori toute la profession ! » a-t-il martelé. 
Mais relevant le fait que les lunettes de Sensee sont deux fois moins chères qu'en magasin, Thomas Sotto a interrogé le fondateur du site sur le niveau réel des marges sur les lunettes. Ce dernier a repris les chiffres de l'UFC-Que choisir, qui évaluait ces marges à 270% ! « Vous avez des verres qui coûtent quelques centimes, mais qui sont ensuite vendus une dizaine d'euros... », a-t-il indiqué avant de rappeler qu'il s'agit « d'un marché très complexe, avec des marges très complexes (sic). Nous, nous disons simplement qu'Internet est le seul endroit où vous allez pouvoir acheter des produits français beaucoup moins chers, parce que nos marges sont réduites au strict minimum ! » 

TS a tenté de le contredire en évoquant justement la question de la qualité des produits « low cost » vendus si peu cher sur le web. Pour Marc Simoncini, il s'agit « des mêmes produits, vendus en magasin et en ligne ». Il accuse au contraire les opticiens « d'avoir maintenu l'ambigüité et la confusion en faisant croire que nous ne vendons que des produits low cost, mais eux aussi le font. Nous, nous vendons les mêmes lunettes et les mêmes verres, à condition qu'on nous les fournisse ! » Insistant un peu, Thomas Sotto a rappelé que Sensee ne proposait toujours pas de verres de fabrication française... Marc Simoncini a alors tenté une réponse pour le moins évasive, s'appuyant sur la complexité du marché, la législation nécessaire... Mais sans jamais fournir d'explication ni d'argument. 
Pour le journaliste, l'avis des opticiens est « qu'ils apportent un vrai savoir-faire et un vrai service, alors que sur Internet, on ne sait pas bien qui est derrière le clavier. » Marc Simoncini a alors indiqué employer chez Sensee « de vrais opticiens chargés de la vente des lunettes. Nous sommes des opticiens mais sans boutique ! Cela représente à peine 3% du marché de l'optique, cette concurrence n'est donc même pas un danger pour les opticiens traditionnels. Nous voulons juste dire aux gens : connaissez le prix des lunettes, cotisez si vous le voulez et sinon, sachez que vous pouvez acheter moins cher sur Internet ! », a-t-il répété une dernière fois. 

Les ophtalmologistes font trainer la vente en ligne 

A la suite des opticiens et des industriels de la filière, les ophtalmologues sont également tenus responsables des coups de frein portés à la vente de lunettes sur Internet. Le Snof s'oppose en effet à l'une des dispositions de la loi Hamon prévoyant que les ordonnances doivent comporter l'écart pupillaire du patient. Impossible autrement de pouvoir commander ses lunettes sur Internet. 
Mais cette obligation attend encore son décret, pas prévu avant août 2015, même si l'ouverture de l'optique en ligne reste l'un des points forts de la loi Hamon. « On ne sait pas le faire et on n'apprendra pas à le faire. Je ne pense pas qu'il y ait un ophtalmo en France qui perde du temps à mesurer les écarts. Il n'y a pas de sanction si on ne le fait pas », a expliqué le Dr Jean-Bernard Rottier, président du Snof, à l'occasion du 120ème congrès de la SFO. De toute façon, a-t-il ajouté, « peu d'ophtalmologues conseillent à leurs patients d'acheter sur Internet ». 

Une prise de position qui a fait vivement réagir Marc Simoncini : « Les ophtalmologues (...) sont par définition très méfiants face au progrès, mais je ne peux pas croire qu'ils ne respecteront pas la loi », s'est-il indigné. Le fondateur de Sensee s'est même dit prêt à combattre. « Nous demanderons aux patients de retourner voir leur ophtalmologue s'il n'a pas indiqué cet écart pupillaire », a assuré Marc Simoncini qui menace également d'attaquer en justice les ordonnances « illégales ».