Dans notre news du 12 décembre dernier, nous vous annoncions que Radio Canada avait dévoilé qu'une forte proportion de magasins d'optique québécois confiait des actes professionnels, notamment des mesures d'écarts pupillaires, à des employés ne possédant pas les qualifications nécessaires.
Ayant lui-même mené l'enquête, l'Ordre des opticiens d'ordonnance du Québec vient de déposer des accusations contre neuf personnes pour "pratique illégale de la profession". Dans un article publié hier 30 janvier, Radio Canada explique que celles-ci auraient ajusté des verres correcteurs, sans posséder le diplôme nécessaire "d'opticien d'ordonnance", obtenu après trois ans d'études. Cette pratique, punie pénalement, peut entraîner une amende maximale de 20 000 dollars canadiens (environ 13 580 euros).

Cette procédure met à mal l'Ordre des optométristes du Québec. Toutes les personnes incriminées travaillent en effet dans les bureaux où pratiquent des responsables de cette institution, notamment sa présidente, Lise-Anne Chassé, et sa vice-présidente Louise Mathers. Soulignons que ce même ordre, suite au premier reportage de Radio Canada, s'était engagé "activement à mettre fin à de telles situations qui pourraient remettre en question la confiance du public à l'égard des optométristes qui s'acquittent consciencieusement de leurs responsabilités". Rappelons qu'au Canada, les optométristes détiennent un doctorat acquis à l'issue de 5 années d'études. Ils sont dans ce pays habilités à réaliser des examens de vue, à prescrire les verres correcteurs ou les lentilles correctrices, et à les vendre.

La présidente et la vice-présidente de l'Ordre des Optométristes ont décidé de se retirer du processus décisionnel sur la suite à donner au dossier mais n'ont pas démissionné. L'organisation, qui estime avoir été délibérément visée par l'Ordre des opticiens, entend en outre riposter : elle a annoncé qu'elle menait ses propres enquêtes et mettait en doute divers faits contenus dans les accusations déposées.