Le groupe Facebook « Les opticiens ne sont pas des pigeons » passe à la vitesse supérieure. Créé il y a 8 jours suite au dépôt de la proposition de loi visant à autoriser les mutuelles à pratiquer les remboursements différenciés, il compte aujourd'hui près de 5 000 membres bien décidés à faire entendre leur voix contre le développement des réseaux des Ocam. Leur chef de file, Yann Fournier, opticien indépendant dans l'Isère, se réjouit de l'ampleur du mouvement : « Selon nos estimations, 200 à 300 exemplaires de la lettre que nous avons écrite à destination du ministre de la Santé Marisol Touraine lui ont déjà été envoyés ».

Une pétition en circulation

Le groupe, rejoint par des audioprothésistes et quelques médecins, affiche fièrement le Caducée d'Hermès, symbole des professions de santé. Chassant les initiatives personnelles qui pourraient diluer son action, il structure sa démarche pour monter en puissance : après la lettre au ministre, une pétition à destination des consommateurs a été lancée hier. Elle focalise sur les effets néfastes des réseaux : « perte de la liberté de choix du professionnel de santé », « mode de gestion purement comptable et financier de notre santé ». « Les complémentaires santé oublient qu'au delà de tout échange de prestations, ce sont des relations humaines, de confiance, de qualité, qui se tissent entre nous et la personne qui nous soigne », précise-t-elle. Toutes les signatures seront centralisées prochainement pour être transmises au gouvernement. « J'en ai moi-même déjà obtenu une cinquantaine. Même mes voisins, qui sont assureurs, ont signé ! », sourit Yann Fournier.

Prochaines étapes : les élus, puis les médias

« Certains d'entre nous ont déjà contacté les élus locaux qu'ils connaissent personnellement. La semaine prochaine, forts des premiers résultats de la pétition, nous mettrons à la disposition du groupe un courrier destiné aux maires et députés. Il mettra en avant les conséquences économiques des réseaux, comme la perte d'1 milliard d'euros de TVA, la fermeture de points de vente, une hausse du chômage... Nous les inviterons aussi à visiter nos magasins, pour qu'ils se rendent compte que nous ne sommes pas des marchands de lunettes mais possédons un vrai savoir-faire ». Les médias seront ciblés ultérieurement. « Nous voulons être en ordre de bataille bien rangé avant de contacter la presse, pour donner un maximum de puissance à nos messages ».

Un groupe Facebook, et rien d'autre

Le groupe tient à conserver son identité et refuse d'être associé à toute notion d'ordre professionnel, d'enseigne ou de syndicat. « On travaille avec la Fnof (Fédération nationale des opticiens de France), mais seulement pour concerter nos actions. Nous ne voulons en aucun cas être rattaché à un syndicat quel qu'il soit. Nous, on fait du bruit. Les syndicats font leur travail à côté », conclut Yann Fournier.