Le 13 novembre prochain sera une « journée santé morte » pour beaucoup de professionnels de santé, alors que le projet de loi Santé de Marisol Touraine sera examiné en deuxième lecture à l'Assemblée nationale dès le 16 novembre. L’opération Black Friday lancée par l’UFML (Union Française pour une Médecine Libre) obtient de plus en plus de soutiens à l’approche de l’échéance. Dernièrement, le syndicat des généralistes MG France a annoncé son ralliement au mouvement. Du côté de notre secteur, vous êtes déjà 28% à déclarer « fermer boutique », selon notre sondage lancé hier 29 octobre.

« Non » au tiers payant généralisé et aux réseaux de soins

Pour mémoire, l’objectif des professionnels de santé mobilisés est de demander l’abrogation pure et simple de la loi de Santé et de sa mesure phare, la généralisation du tiers payant. « Ne rien faire aujourd’hui c’est les laisser nous détruire et nous asservir sans broncher. La porte est déjà fermée !! Nous ne nous fermons donc aucune porte, car aucune n’est ouverte !!! Non à la loi Touraine, pour conserver la liberté de choisir son professionnel de santé, en dehors de tout réseau de soins, pour conserver la liberté de prescriptions, de consultation, d’installation et de soins, pour sauvegarder l’indépendance professionnelle et le secret médical, pour conserver notre système de santé, pour garder le choix de sa mutuelle », argumente le mouvement.

« Cela risque d'être un vrai blocage sanitaire», a expliqué à l'AFP Jean-Paul Hamon, président de la FMF (Fédération des Médecins de France), ajoutant que des « grèves des gardes » étaient prévues les 14 et 15 novembre, avant une manifestation devant l'Assemblée nationale le 16, « et plus si affinités ».

Premiers soutiens politiques ?

Si le Premier Ministre, Manuel Valls, a fait appel « au civisme » des professionnels de santé lors de son intervention au Congrès de l’Ordre des Médecins le 29 octobre à Paris, d’autres politiques commencent à soutenir le mouvement. En campagne pour les régionales en Ile-de-France, Valérie Pécresse « a exprimé son inquiétude sur la mise en place du tiers payant généralisé et la mise en place de réseaux de soins faisant planer, selon elle, la menace d’une mainmise des mutuelles sur la médecine libérale », explique le Quotidien du Médecin. Pour Jérôme Marty, président de l’UFML, l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur  « s’est montrée à l’écoute des professionnels : elle a exprimé le souhait d’un retour de la confiance entre les médecins libéraux et l’ARS, de redonner la parole aux praticiens pour reconstruire l’avenir de la santé avec eux ».

Une grande conférence de santé le 11 février 2016

Pour le Gouvernement, les discussions restent ouvertes. Il compte notamment sur la grande conférence de Santé qui sera organisé le 11 février 2016. Les travaux du comité de pilotage chargé de la préparation ont démarré et trois thématiques de réflexion sont définies :

  • la formation initiale et continue des professionnels de santé ;
  • les métiers et compétences ;
  • les parcours professionnels et les modes d’exercice.

Sur tous ces points, « j’attends des idées fortes », a déclaré le Premier Ministre. En concluant son discours, Manuel Valls a encore insisté : « Continuons donc, État et médecins, libéraux, salariés ou hospitaliers, à unir nos efforts pour continuer à faire vivre un modèle social unique au monde ».