Les « contrats séniors » proposés par les complémentaires santé pour les plus de 65 ans devront prendre en charge des montants minimum en optique et audio pour être labellisés. Destiné à faciliter l'accès à la complémentaire santé pour les retraités, ce dispositif consiste à délivrer un label aux contrats en fonction de leur rapport qualité/prix, selon trois niveaux de garanties.

Le bureau de la Mutualité Française, qui s’inscrit pourtant en faveur de la généralisation de la complémentaire santé, a décidé à l’unanimité de ne pas soutenir cette mesure, telle qu’elle est actuellement envisagée dans un projet de décret. « Avec ces labels, notre système de protection sociale s’inscrit encore un peu plus dans une approche de segmentation catégorielle qui trouve aujourd’hui ses limites, les personnes étant protégées en fonction de leur statut (salarié, indépendant, senior...) alors même que les parcours de vie sont de moins en moins linéaires », explique Thierry Beaudet, récemment élu à la présidence de la Mutualité Française . Cette évolution va à rebours des objectifs d’universalité, de cohérence et de mutualisation auxquels la Mutualité est attachée ».

En fixant trois paniers de soins avec un niveau de garanties et de prix étroitement encadré, de 150 à 550 euros de prise en charge en optique médicale, cette nouvelle réglementation « méconnaît la réalité et les besoins spécifiques qu’ont les adhérents des mutuelles qui n’auront aucune marge de manœuvre pour adapter leurs garanties en fonction de leurs attentes », continue la Mutualité estimant que « ce dispositif n’est pas viable économiquement ». Les mutuelles sollicitées considèrent unanimement que les prix actuellement fixés sont en déconnexion avec le coût des garanties prévues, et pourraient mettre en péril l’équilibre économique des acteurs mutualistes.

« En fragilisant les mutuelles qui protègent 70 % des plus de 65 ans, la réforme envisagée peut également fragiliser la couverture santé dont bénéficient les seniors. Les mécanismes de solidarité mis en place par les mutuelles leur permettent de proposer des tarifs progressant beaucoup moins vite, en fonction de l’âge des assurés, que ceux des assureurs », assure la Mutualité Français en demandant « aux pouvoirs publics, à l’issue de la consultation qui vient de s’achever, de renoncer à l’actuel projet, afin de préserver la mutualisation et la solidarité intergénérationnelle, au bénéfice des seniors et de leur couverture santé ».