Vous avez été nombreux à réagir sur les réseaux sociaux à l'article sur le système de téléexpertise Lyleoo : certains ont été enthousiastes et d'autres ont émis de sérieux doutes. Nous avons contacté le syndicat des ophtalmologistes de France (Snof) pour avoir son opinion sur le protocole médical avancé par Lyleoo. 

D'où vient ce questionnaire ?

« Tout d'abord le Snof n'a jamais été sollicité par Lyleoo », explique Thierry Bour, président du Snof, « et nous n'avons jamais établi de questionnaire type. Nous n'assumons donc pas la responsabilité de ce questionnaire, quand bien même il a été inspiré par les recommandations de prévention que nous avons pu formuler. De plus, l'opticien n'est pas habilité à demander au patient ces informations médicales, seuls les ophtalmologistes et les orthoptistes depuis 2016 peuvent le faire ». 

Un diagnostic réalisé depuis une simple réfraction ?

« J'ai surtout du mal à comprendre comment, sur la base d'un simple questionnaire et d'une réfraction qu'il ne peut pas vérifier, un ophtalmologiste peut dresser un bilan visuel suffisant pour établir une prescription. Il manque au moins un fond d'oeil et la pression intraoculaire.

Dans le cadre d'un renouvellement, c'est l'opticien qui est responsable, mais pour une primo-prescription, c'est l'ophtalmologiste. Or il ne peut prescrire que ce qu'il a constaté et vérifié lui-même, comme le rappelle le code de déontologie. Dans le cas de Lyleoo, le médecin n'a pas accès aux prises de mesures complètes, il prend donc des risques s'il prescrit sur ces bases-là. Ce serait envisageable si l'ophtalmologiste avait des données antérieures sur le patient, mais à défaut c'est impossible. 

Comme dans d'autres solutions de téléophtalmologie, le fait que la prise de mesure est réalisée dans un magasin d'optique peut inciter le patient à se procurer son équipement sur place. Pour finir, la télémédecine doit s’intégrer dans un circuit global de prise en charge de continuité des patients ».