Le président de la Fédération nationale des opticiens de France, que nous avons sollicité au même titre que les autres syndicats de la filière, nous donne son opinion sur les annonces exprimées dans le pacte Bayrou contre les déserts médicaux :

« Les 3 mesures du pacte Bayrou concernant la filière de l’optique ne sont pas nouvelles, elles sont toutes déjà en marche ».

Sur les assistants médicaux

« Les assistants médicaux sont déjà dans les cabinets. Certains opticiens ont déjà ce statut, et c’est un statut que la Fédération refuse.

Pour nous, le poste avancé de l’opticien est situé en magasin d'optique, pas en cabinet d'ophtalmologie. On manque de diplômés, on a des problèmes de recrutements, ce n’est pas pour les voir partir chez les ophtalmologistes, surtout que ces derniers reconnaissent aujourd'hui la qualité de nos examens de vue ».

Sur la primo-adaptation

« Les prescripteurs ont attaqué le décret. Le recours a été envoyé en juillet 2024, et étudié par le Conseil d'Etat début avril 2025, le délibéré est aujourd’hui attendu. La question est de savoir l'ampleur de la décision du Conseil d'Etat. Soit il ne touche rien, ce qui est peu probable, soit il dénonce une partie ou la totalité du texte.

Les prescripteurs voulaient que l’accord écrit soit l’élément fondamental pour une primo-adaptation, ce qui n’est pas le cas dans le décret actuel. Si le décret est annulé par le Conseil d’Etat, a minima, il va falloir se remettre autour de la table pour redéfinir les règles de l’adaptation de la primo-prescription par les opticiens ».

Sur la généralisation de l’expérimentation en Ehpad

« C’est une mesure qui va dans le sens naturel des choses. Cela montre bien à quel point l’opticien est le premier recours en santé visuelle. Le gouvernement veut s’appuyer sur les opticiens pour prendre soin de nos anciens, parce que ce sont eux le premier recours à la santé visuelle.

Les autres professions de santé visuelle ne veulent pas y aller, dans les Ehpad. C’est très contraignant, seuls les opticiens les plus impliqués s’y rendent. Les résidents des Ehpad est un public compliqué, parce qu’il a de nombreuses contraintes, notamment des pluri-pathologies. Les opticiens ne peuvent pas tout résoudre, il faut parfois prioriser, en echangeant avec les autres professionnels de santé selon les habitudes du patient, c'est du bon sens.

Il n’empêche que le gouvernement souhaite s’appuyer sur eux, sans pour autant prévoir de les rémunérer pour leur implication. Il va falloir qu’on discute sur ce sujet. L’opticien en Ehpad, c’est indispensable. Sans correction visuelle à cet âge, c’est l’isolement social, c’est la régression personnelle, c’est une vulnérabilité accrue par rapport aux chutes, qui peuvent être un facteur d'accélération de la mortalité selon un rapport de la HAS.

Il est temps non seulement de généraliser l’expérimentation, mais surtout de l’officialiser et d’ouvrir les compétences et la disponibilités des opticiens qui maillent déjà le territoire (et connaissent les familles), aux personnes qui en ont le plus besoin ».