Alors que l'Etat souhaite imposer une limitation des frais d'optique remboursés par les mutuelles, à 450 euros par an selon les dernières informations, la presse nationale tente d'éclairer l'opinion sur les enjeux de cette réforme, en particulier pour notre filière. Lundi 12 mai sur TF1, dans le journal de 13h présenté par Jean-Pierre Pernaut, un reportage a mis en lumière « l'inquiétude des fabricants de lunettes face à cette baisse des remboursements*. » 
Afin d'illustrer leurs propos, les journalistes de la première chaîne se sont rendus à Morez dans le Jura, où « on déplore les différentes taxes qui pèsent sur les sociétés françaises par rapport à la concurrence étrangère » et « où on craint l'arrivée de produits low-cost ». 

Partant du principal reproche fait par le Gouvernement aux professionnels de l'optique qui produiraient « des lunettes haut-de-gamme mais qui coûtent trop chères », les reporters de TF1 sont partis visiter les locaux d'Oxibis. Rappelant que cette dernière fabrique près de 600 000 montures par an, ils ont interrogé le PDG de l'entreprise, Jérôme Colin : « Pour rentrer dans le plafond, explique-t-il, il faudra importer des produits asiatiques comme le font déjà une bonne partie des acteurs du marché. Ca va être une véritable catastrophe puisqu'on risque de perdre la moitié de notre chiffre d'affaires. » 
Soumise à « une concurrence mondiale de plus en plus rude, les entreprises jurassiennes, précise-t-on dans le reportage, sont en difficulté : après de nombreuses délocalisations, le secteur a déjà perdu 2000 emplois en 30 ans, et si le décret est adopté, c'est toute la filière qui pourrait être menacée », estiment les reporters qui soulèvent également les craintes pour cette région qui « compte encore une quarantaine d'entreprises de lunetterie, à l'instar de Morel où l'on a misé sur l'innovation pour survivre ». 

Mais avec un coût du travail plus élevé qu'à l'étranger, « impossible de baisser les prix » comme l'indique le directeur commercial de Morel, Jean-Philippe Guilbert, qui ajoute : « nous avons plus de 20% de TVA sur les dispositifs médicaux comme les nôtres (monture+verres), ce qui n'est pas le cas en Allemagne. Les charges sociales aussi ne sont pas les mêmes, on ne peut donc absolument pas comparer le coût d'une monture conçue en Allemagne et une autre en France ! », juge-t-il.
De son côté, rappelle pour finir le reportage, « la ministre de la Santé a promis de dialoguer avec les professionnels, mais à Morez une pétition contre le décret a déjà recueilli plus de 8000 signatures », prouvant ainsi que la filière s'active pour résister. 

*Lire notre news "Plafonnement des remboursements : de nouveaux montants se profilent d'ici 2018".