Si on sait que la pratique du tiers payant est chronophage, demande des efforts de trésorerie importants et beaucoup de temps, poussant même les magasins à embaucher une personne dédiée, on connait moins l’impact réel de cette pratique sur le compte de résultat.

La question a été posée par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Objectif : calculer précisément l’incidence du tiers payant sur l’activité des pharmaciens. Verdict...

Selon les résultats dévoilés, la pratique du tiers payant s’avère très coûteuse pour les officines. Les coûts cachés de gestion avec l’Assurance maladie et les complémentaires santé s’élèvent de 13 246 à 28 601 euros par pharmacie et par an, selon les professionnels interrogés.

Le temps moyen passé par l’équipe est supérieur à un mi-temps (26,6 semaines soit 932 heures), en augmentation de 10% en 10 ans. Cette tendance a bien évidemment des conséquences sur l'accueil du patient, puisqu'elle est même accusée d'entraîner « une perte de temps par la complexité et les changements croissants des droits des assurés notamment de complémentaires santé et depuis l’arrivée de l'aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS) ».

Aussi, « aucune profession de santé ne peut supporter un tel niveau de dépenses supplémentaires et un risque financier », s’inquiète l’USPO dans un communiqué. Car le temps consacré à la gestion des réclamations est lui aussi en augmentation. Les incidents de paiement se concentrent sur la part complémentaire, selon près de 86% des pharmaciens sondés (+6 points en 10 ans). « Le paiement garanti, c’est de moins en moins automatique », ironise le syndicat. Il s’est dégradé depuis 10 ans, pour plus de 33% des professionnels (contre 20% qui estiment qu'il s'est amélioré).

Cette étude éclaire les professionnels de santé et les pouvoirs publics. Le président de l’USPO, Gilles Bonnefond, appelle l’Assurance maladie et les complémentaires santé à simplifier le tiers payant et à le rendre plus efficace.

 
* L'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine a obtenu 503 réponses à des questions d’appréciations qualitatives et à une évaluation des coûts cachés du tiers payant en pharmacie (décembre 2016). Ces résultats ont été comparés à ceux d'une enquête USPO menée en 2007 avec une méthodologie identique.