Après 2 mois d'arrêt, l’activité a repris. Différemment. Le retour à la normale sera long. Acuité a interrogé Jean-Pierre Champion, directeur général de Krys Group, afin de comprendre comment se déroule la reprise, de tirer un premier bilan de la crise et de prévoir les prochains mois. « Nous sommes animés par un principe simple : privilégier l'aspect sanitaire à l'aspect économique », explique Jean-Pierre Champion.

La prise de rendez-vous à « garder à l'avenir »

Ainsi, pour répondre aux mesures sanitaires, les 3 enseignes Krys Group ont mis en place des protocoles drastiques, entre le matériel d'hygiène (masques, gel hydroalcoolique, etc.), les gestes barrière et le nombre limité de personnes dans le magasin : 6 pour 100 m², (3 opticiens, 3 clients). La prise de rendez-vous est également largement encouragée. « C'est un élément qu'il faudra garder à l'avenir car cela favorise la position de professionnel de santé de l'opticien », affirme le directeur général de Krys Group.

Pour ces premiers jours de reprise, l'affluence en magasin est « bonne ». « Les clients sont volontaires pour revenir. Ils comprennent tout à fait les précautions que nous prenons. Les choses se passent plutôt bien, compte tenu du contexte. »

L'enseigne préférée des Français

Une campagne publicitaire fin mai viendra diffuser un message « qui n'aura pas pour but d'amener du trafic en magasin », assure Jean-Pierre Champion, « mais de retourner à nos valeurs et à nos fondamentaux, ceux qui font que Krys a de nouveau été élue enseigne préférée des Français cette année. Une nouvelle qui met du baume au cœur dans cette période difficile. »

Reprise de la production

L'usine Krys Group de Bazainville, fermée pendant le confinement, a également rouvert « à 100% de sa capacité ». Avec un changement : « nous limitons la sous-traitance et rapatrions un maximum de la production en France », détaille Jean-Pierre Champion.

Un CA en forte baisse en 2020

« Évidemment, avec un tel protocole sanitaire, le chiffre d'affaires en magasin se trouve impacté », poursuit-il. Entre la réforme 100% Santé qui a amené une chute du prix du panier moyen accentuée par une baisse significative des remboursements, le retard des mutuelles en début d'année pour ceux-ci, et maintenant la crise sanitaire, Jean-Pierre Champion estime à -35% la baisse de CA du marché en 2020.

La nécessité de prescription

Un chiffre qui inclut également le sujet des ophtalmologistes. «Il y a la 1ère lame : le confinement et la reprise lente », explique-t-il. « Il y a ensuite une 2e lame : on estime que 2 millions de prescriptions de lunettes n'ont pas pu être réalisées par les ophtalmologistes pendant le confinement, et à 3 millions sur l'ensemble de l'année compte tenu des mesures sanitaires qui réduisent le nombre de rendez-vous par ophtalmologiste. »

L'objectif pour pallier ce manque ? « Convaincre les pouvoirs publics de prendre des mesures pour purger les ordonnances qui vont faire défaut. » L'extension de la durée de validité des ordonnances, la vente sans ordonnance, l'extension de la télémédecine (« elle a fait ses preuves dans de nombreux domaines, pourquoi pas le nôtre ? ») apparaissent comme des solutions crédibles.

« Si on a la possibilité de prescrire, de procéder au renouvellement, cela libérera également de la place chez l'ophtalmologiste, pour qu'il accueille des patients pour autre chose qu'une prescription de lunettes », argumente Jean-Pierre Champion. Il s'agit de l'avenir de toute une filière qui a déjà subi plusieurs chocs de régulation auxquels vient s'ajouter une crise sanitaire sans précédent.

 

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