Du 18 au 20 juin 2025 a lieu le 44e Congrès de la Mutualité Française, à Agen, attirant 1 300 participants. C'est à cette occasion que les orientations stratégiques de la Mutualité sont abordées et votées dans le cadre d’une résolution. Les grands sujets en matière de santé et de fonctionnement du système de protection sociale y sont également débattues.

 

Point de vue de la Mutualité Française

Ce jeudi 19 juin, le président la Mutualité Eric Chenut, est revenu sur le projet de taxe évoqué par la ministre de la Santé, du Travail et des Familles Catherine Vautrin il y a quelques mois face aux augmentations du prix des cotisations mutuelles :

« Je veux le dire ici solennellement, nous contestons, nous contesterons par tous moyens toute perspective d'une nouvelle augmentation de la taxe sur les complémentaires santé. Nous sommes le pays où la santé est la plus taxée en Europe, et de loin. Cette solution de facilité est aussi inefficace qu'injuste, aussi inadaptée que contre-productive ».

 

Il a ensuite énuméré 3 pistes d'amélioration pour l'accès aux soins : 

  • « Face à la redondance des soins, à la démultiplication des prescriptions, nous devons rechercher l'efficience en nous appuyant sur les préconisations de la Haute Autorité de Santé pour une meilleure prescription, avec pour seul objectif l'amélioration des parcours sans augmentation du reste à charge des patients ».
  • « Face à l'augmentation sans précédent de la fraude dans notre pays, estimée par le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale à 13 milliards, nous devons renforcer les contrôles et les sanctions, permettre le partage d'informations entre l'Assurance maladie et les complémentaires, ce qui suppose un changement de législation ».
  • « Face à l'augmentation structurelle des dépenses de santé et leur impact en rebond sur le coût des complémentaires, nous devons redéfinir le périmètre du contrat solidaire et responsable, engager une évaluation partagée du bilan du 100% santé ».

Eric Chenut a également annoncé le lancement d’États Généraux de la Santé et de la Protection Sociale, dès l’automne 2025.

 

Position du ministère de la Santé

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a mis l'accent sur d'abord sur la lutte contre la fraude, citant une « carte vitale sécurisée », avant d'évoquer la responsabilité des « audioprothésistes et certaines plateformes de téléconsultations ». Sans doute fait-elle référence à la carte vitale obligatoire pour bénéficier du tiers-payant en audio, obligatoire depuis janvier 2025 seulement. Son absence a fortement contribué à ce que l'audio devienne champion de la fraude à l'Assurance maladie, grâce à l'inaction des précédents ministères de la Santé. 

Elle a ensuite évoqué le rapprochement entre l'AMO et l'AMC, qui n'est aujourd'hui qu'une question de temps. Rendez-vous au PLFSS 2026. 

C'est aussi à ce rendez-vous annuel que Catherine Vautrin souhaite la mise en place d'une "taxe santé", conformément aux intentions du ministère il y a 6 mois. Et contrairement à la position de la Mutualité. 

Puis, elle a insisté sur l'importance de la prévention, « parce que des grandes mutations qui fragilisent le modèle social, la transition démographique est vraiment le sujet le plus déterminant[...]Plus la santé sera élargie à la prévention, à l'intergénérationnel, plus elle deviendra un projet de société ».

Un discours qui brasse large, rappelle des évidences, sans aucune proposition concrète. Si le ministère cherche du concret en termes de prévention, les opticiens sont prêts à jouer pleinement leur rôle.