L'annonce par Google, du lancement de ses lunettes d'intelligence artificielle (IA) en 2026, lors de son événement « The Android Show » lundi 8 décembre, marque une étape importante pour le devenir de l'optique et de la profession.

Ce développement, qui se concrétise chez bon nombre d'acteurs de la Tech, confirme l'émergence des lunettes connectées comme une nouvelle catégorie de lunettes pour les opticiens.

Impact boursier et concurrence accélérée

Cette offensive technologique a eu un effet immédiat sur le marché mardi 9 décembre. Le titre EssilorLuxottica a plongé de près de 5%, accusant ainsi la plus forte baisse du CAC 40.

Ce repli est directement lié à l'arrivée de Google, qui s'apprête à concurrencer le groupe franco italien sur le marché des lunettes dopées à l'IA, alors qu'EssilorLuxottica est à ce jour un leader incontesté dans ce segment grâce à son partenariat depuis 2019 avec Meta (notamment les Ray-Ban Meta et Oakley Meta).

Google, qui a dévoilé son « Project Aura » lors de la conférence en ligne « The Android Show : XR Edition », s'est allié avec des partenaires majeurs tels que Samsung, le lunetier coréen Gentle Monster et l'enseigne nord-américaine Warby Parker. Ces lunettes connectées fonctionnent sous le système d'exploitation Android XR et intègrent l'IA Gemini pour des fonctionnalités avancées (traduction en direct, par exemple).

Cette concurrence qui se positionne sur ce marché des appareils portables, va accélérer le développement de cette nouvelle catégorie.

Avant même l'annonce de Google, le géant chinois du e-commerce Alibaba avait présenté fin novembre ses lunettes d'IA « Quark ». Ces entrées soulignent un changement d'orientation de la concurrence, qui se déplace du matériel vers les logiciels et les écosystèmes technologiques.

« Nouvelle catégorie » signifie opportunités de croissance

Malgré la réaction boursière négative, l'arrivée de ces nouveaux acteurs est avant tout la preuve du développement d'une nouvelle catégorie de lunettes.

Et donc d'un nouveau marché pour les magasins d'optique. Certains analystes estiment d'ailleurs que cette concurrence accrue pourrait avoir un effet positif en favorisant l'adoption massive des lunettes connectées, d'ici 2030. Ce qui bénéficierait à l'ensemble du marché.

Cette nouvelle catégorie pourrait représenter un potentiel de croissance sans précédent. Les chiffres d'EssilorLuxottica le prouvent : les « wearables » ont largement alimenté l'hyper-croissance du troisième trimestre 2025.

Dans ce segment, les projections sont très prometteuses : la banque Barclays prévoit que EssilorLuxottica engrange 4,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans les « wearables » d'ici 2030 (de l'ordre de 12% de son CA total).

Évolution de la place de l'opticien

Pour l'opticien, ce changement est déterminant. Avec l'intégration de l'IA, des systèmes d'exploitation (Android XR) et la fusion entre la puissance des casques XR et la légèreté des lunettes, votre rôle ne peut plus être seulement axé sur la santé visuelle.

L'intégration de la connectivité et des services associés, comme la possibilité de prévisualiser sur une montre connectée les photos prises avec les lunettes, signifie que l'opticien de demain va devoir se positionner comme un expert intégrant la technologie et les écosystèmes numériques.

Cette nouvelle catégorie nécessite une adaptation de vos produits et services en magasin pour capitaliser sur les opportunités sans précédent que ces lunettes dites intelligentes vont proposer.

L'écosystème de l'optique évolue et se transforme vers un marché de soins tout au long de la vie des individus, de la myopie des enfants à la basse vision des séniors, des domaines où la technologie s'invite également de plus en plus y compris pour les enfants quand on voit le lancement par EssilorLuxottica en Chine, des lunettes connectée équipées de Stellest, pour enrayer l'évolution de la myopie.

Les annonces de ces géants américains (Meta, Google...) et asiatiques (Alibaba, Samsung...) ne sont pas une menace, mais une validation que les lunettes connectées sont la prochaine grande vague d'innovation, qui va rendre la fusion de la santé visuelle et l'intégration de services numériques essentielle pour l'opticien de demain.