Alors que l'Assemblée nationale doit s'exprimer ce mardi soir sur l'adoption définitive (ou non) du PLFSS 2026, la Mutualité Française s'indigne des charges qu'elle risque de subir avec ce texte, et justifie les hausses à venir des cotisations de ses assurés.
D'après la Fédération nationale de la Mutualité Française (FNMF), la hausse des cotisations des complémentaires santé n’est ni un phénomène conjoncturel ni un choix opportuniste. Depuis quinze ans, les dépenses de santé augmentent de manière continue, sous l’effet du vieillissement de la population, de la progression des maladies chroniques et de l’arrivée d’innovations médicales coûteuses. Après une croissance moyenne de 1,8 % par an entre 2013 et 2020, cette dynamique s’est accélérée depuis la crise sanitaire, atteignant +4,4 % par an, soit une hausse cumulée de 22 % en cinq ans.
Transfert de charges et taxes
À cette tendance structurelle s’ajoutent de nouvelles décisions budgétaires. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit en effet plusieurs transferts de charges vers les complémentaires : plus de 400 millions d’euros sur le champ hospitalier, 600 millions sur les indemnités journalières, et surtout une taxe exceptionnelle d’un milliard d’euros, qualifiée par la FNMF de « TVA sur la santé ». Avec une taxation globale des contrats atteignant 16 %, la France se distingue comme une « anomalie européenne », selon les mots du président de la FNMF, Éric Chenut.
Ce dernier ne cache pas son inquiétude lors de ses récentes interviews. « Tout cela aura des conséquences sur les cotisations », a-t-il averti, estimant cette taxe « injustifiée ». Selon lui, « à un moment donné, il faudra forcément que ce milliard se répercute ». Une mécanique d’autant plus inévitable que les mutuelles, soumises à des règles prudentielles strictes, ne peuvent pas s’endetter, contrairement à la Sécurité sociale, et contrairement aux retraités qui subissent de plein fouet ces hausses de cotisations.
Une hausse du tarif des cotisations vertigineuse
Ces cinq dernières années, les tarifs mutualistes ont déjà progressé de plus de 27 %, soit deux fois plus vite que l’inflation. Une évolution que le président de la FNMF justifie par celle des dépenses de santé, encore plus dynamiques : depuis 2019, les cotisations ont augmenté de près de 75 milliards d’euros. L’écart entre la croissance des cotisations et celle des prestations reste pourtant limité, à 0,3 % par an en moyenne depuis 2011.
Pour 2026, les hausses sont déjà annoncées : +4,3 % pour les contrats individuels et +4,7 % pour les contrats collectifs. Un scénario que la FNMF juge insoutenable à long terme, dénonçant un ONDAM « insincère » et un déficit qui fragilise progressivement le système de santé.
À l’occasion des 80 ans de la Sécurité sociale, la fédération appelle à un sursaut collectif : lutte contre la fraude, réduction des actes redondants, investissements massifs dans la prévention. Selon la Cour des comptes, jusqu’à 50 milliards d’euros de dépenses pourraient être évitées. « Ce n’est pas une fatalité », insiste la FNMF, qui invite professionnels et citoyens à s’emparer des États généraux de la santé (lancés en novembre 2025 et qui s'étalent sur 1 an) pour construire le modèle des prochaines décennies.
