La myopie est depuis de nombreuses années un sujet de préoccupation majeur. Etudes, publications, conférences… concourent actuellement pour tenter d'expliquer les causes et déterminer son origine.

Dans le cadre des 9èmes Journées d’Etudes Vision & Prospective, une centaine de participants, ophtalmologistes, opticiens et orthoptistes ont assisté à des conférences autour du thème : « la myopie dans tous ses états ». Cette année, le Dr. Thomas Gaujoux, ophtalmologiste à Nîmes a officié en tant que président d’honneur du séminaire ; Thierry De Cecco, opticien, étant le président de Vision & Prospective.

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Thierry De Cecco et le Dr Thomas Gaujoux

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Les 3 O réunis lors des 9èmes Journées d’Etudes Vision & Prospective

Le pourcentage global mondial des myopes est estimé à 25% avec des écarts importants : 30% en Europe et aux Etats-Unis, de 80 à 90% à Singapour, Taiwan, Chine, Japon, Corée du Sud et 15% en Afrique. « La prévention doit être précoce, car l’âge de survenue conditionne la vitesse et la durée d’évolution, donc toute la sévérité de la myopie », a fait savoir le Dr. Ameline Barbara, praticien au centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts (CHNO).

Les évolutions technologiques couplées à la progression constante de l’urbanisation des pays du monde entraînent l’augmentation de la prévalence. Des études japonaises ont démontré que la lumière violette freine son évolution, a souligné le Pr. Marc Labetoulle, chef du service d’ophtalmologie de l’hôpital Bicêtre.

Le Dr. Sylvie Berthemy, ophtalmologiste à Grenoble, partage le même sentiment et souligne « qu’il est indispensable de connaître les paramètres physiopathologiques pour apporter des conseils de prévention chez les jeunes ». Pour elle, il ne faut toutefois pas sous-corriger les enfants myopes.

Quelles solutions ?

Sandrine Chéneau, directrice des relations médicales chez CooperVision, a présenté MiSight 1 day, la première lentille souple pour contrôler l’évolution de la myopie. 10 ans de R&D ont été nécessaires pour mettre au point cette lentille de contact, adaptée et prescrite par une trentaine d’ophtalmologistes pour le moment en France. MiSight 1 day a été commercialisée pour la 1ère fois à Hong Kong en 2009.

Cette dernière utilise rappelons-le la technologie brevetée ActivControl qui se compose de 4 zones optiques : 2 zones de traitement et 2 zones de corrections. « Les zones de traitement focalisent les images en avant de la rétine et non en arrière comme le fait un verre ou une lentille classique. Cette défocalisation myopique permet de contrôler l’élongation axiale et donc l’évolution de la réfraction », détaille Sandrine Chéneau.

MiSight 1 day, la première lentille souple pour contrôler l’évolution de la myopie

CooperVision - Présentation de la lentille MiSight 1 day

Autres solutions évoquées : l’orthokérathologie et l’atropine. « Attention, à bien respecter le dosage en ce qui concerne l’atropine », a rappelé le Pr. Marc Labetoulle.

De son côté, Christophe Lallau, directeur général de Codir, a annoncé le lancement en 2019 d’une solution de freination de la myopie par un verre avec plusieurs segments en face arrière sur le même principe que MiSight 1 day. Dans le cadre du partenariat avec Hoya, ce produit sera distribué en exclusivité par Codir. Olga Prenat, directeur de formation de Hoya Faculty, a expliqué les différentes études et services menées autour du verre qui sera lancé cette année en Chine.

« Comprendre les différences de comportements visuels et visuo-moteurs entre les myopes et les emmétropes adultes pour développer des solutions adaptées », tel est le sujet abordé par Guillaume Giraudet, responsable d’étude en R&D chez Essilor International. Ce dernier a expliqué que les myopes sont plus performants que les emmétropes pour localiser des objets dans des scènes floues. A l’inverse, les emmétropes ont toujours eu l’habitude de traiter des scènes ayant une gamme spectrale complète. « Les myopes ont structuré une façon de voir les images floues et sont donc davantage capables de récupérer le contexte global de la scène », a déclaré Guillaume Giraudet. Et de conclure : « l’étude de ces différences a pour objectif de concevoir des solutions visuelles mieux adaptées aux spécificités de chaque segment d’amétropie ».

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Présentation de Guillaume Giraudet, responsable d’étude en R&D chez Essilor International

Le Pr Christophe Chiquet, chef du service d’ophtalmologie du CHU de Grenoble, a traité des pathologies du fort myope et des progrès chirurgicaux concernant la rétine et le vitré, soulignant l’intérêt des tentatives de freination de l’allongement de la longueur axiale.

Suite aux différentes interventions, le Dr. Thierry Bury, ophtalmologiste à Paris, a déclaré que « les causes de l’épidémie de la myopie sont multifactorielles, d’origines génétiques et environnementales. Les lentilles, l’atropine ou encore les verres représentent des solutions pour freiner son évolution, mais elles n’apportent pas 100% de satisfaction ».

La 9ème édition des Journées d’Etudes Vision & Prospective s’est clôturée par un hommage à Pierre Rocher, fondateur en 1978 de Vision 5, qui réunissait déjà ophtalmologistes et opticiens.

Etaient présents comme partenaire cette année : Essilor, Hoya, BBGR, Codir, Optiswiss, Fondation Krys Group, CDO, CooperVision, Luz, Menicon, Ophtalmic, Nidek, Mondottica, KNCO, Shamir, Eschenbach.