En pleine concertation autour du « RAC 0 », le Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf) insiste sur l’importance du rôle des professionnels de santé dans la prise en charge des Français. « Il ne suffit pas d’équiper des personnes pour que le problème de l’audition soit traité et que les risques sanitaires et sociaux liés à la presbyacousie soient aussitôt résolus, argumente-t-il. Le rôle de l’audioprothésiste n’est ainsi pas seulement de vendre un appareil mais bien d’équiper des personnes, de les suivre et d’en prendre soin ».

Pour appuyer son discours, le syndicat s’appuie sur une étude sociologique récente, rédigée par les sociologues Pierre-André Juven (post-doctorant Cermes3/Inserm) et Frédéric Pierru (chargé de recherche Ceraps/CNRS). Les résultats, présentés lors du 40e Congrès des audioprothésistes le 23 mars dernier, sont rendus publics (voir document ci-contre).

Les auteurs indiquent notamment dans leur rapport qu’ « il apparaît indispensable de penser cette profession comme participant d’un travail social et médical de "care". (...) Le travail de l’audioprothésiste ne se limite donc pas à la réalisation mécanique d’une mesure. Il suppose aussi un travail de dialogue, d’écoute permettant de replacer les résultats dans un contexte plus large ».

« Par conséquent, une part de leur activité sera toujours irréductible à la seule rationalité marchande et/ou industrielle, avec ses implications en termes de concurrence par les coûts et de standardisation des prises en charge, sauf à menacer la qualité de ces dernières, commente l’Unsaf. L’appareil auditif n’est pas autosuffisant et l’ensemble du travail de conviction, d’éducation, l’entretien et les réglages effectués par l’audioprothésiste est consubstantiel à son efficacité sur le patient, sa santé et son environnement social ».

Pour le syndicat, « le maintien des excellents taux de satisfaction et observance actuels doit être un des enjeux de la mise en œuvre du « reste à charge zéro » en audioprothèse. L’enjeu de santé publique est davantage d’équiper des personnes qui garderont leur appareil et pour qui il servira effectivement. Sans prise en compte de l’environnement des personnes et du caractère « politique » et social (et non pas seulement technique et marchand) de l’audition, toute tentative de régulation est vouée à revoir sa copie dans 10 ou 15 ans ».

Et de conclure : « Par conséquent, nous pensons qu’il importe de préserver et de protéger cet aspect du "care" chez les audioprothésistes. La profession continuera à œuvrer de façon constructive sur le « reste à charge zéro » mais combattra la tentation des économies de court terme, et notamment la dissociation du financement appareil auditif/services associés, attentatoire au « care », fondement de la profession d’audioprothésiste et de son efficience ».