Dans notre News du 2 mai, nous avions expliqué que les audioprothésistes réclamaient « un projet réaliste » au ministère de la Santé. Force est de constater que la profession n’a pas été entendue. Ces derniers ont donc décidé de quitter la table des négociations.

« La profession refuse de poursuivre des pourparlers de façade qui ne tiennent aucun compte de leurs inquiétudes. Depuis plusieurs jours pourtant, la profession a alerté sur le danger sanitaire pour les malentendants et sur la menace économique pour la survie de leur filière que font peser de telles mesures », déplorent les instances représentatives de la profession*.

Pour appuyer leurs arguments, les audioprothésistes ont produit devant la Direction de la Sécurité sociale (DSS), une étude d’impact particulièrement « alarmiste », réalisée par le cabinet indépendant Xerfi. Selon le site EDP Audio, l’enquête montre un impact faible de la réforme sur le nombre de personnes appareillées, qui passerait de 38,4 % aujourd'hui, à 44 % en 2022 sans réforme, et 46 % avec la réforme. « Le résultat net du secteur baisserait fortement dès l'année n+1 pour devenir négatif ensuite. En conséquence, plus de 16% de la population de centres seraient amenées à disparaître à 5 ans », pointe le cabinet Xerfi.

« Il n‘en a été tenu aucun compte. De leur côté, les équipes du ministère n’ont pas été en mesure de livrer le chiffrage des conséquences de leurs choix stratégiques », poursuivent-ils.

Les audioprothésistes « rappellent une nouvelle fois que les enjeux de prévention de la dépendance en France imposent un engagement fort de l’Assurance maladie obligatoire sur la question des soins auditifs. Ces derniers ne peuvent accepter les modalités et les tarifs que l‘administration entend leur imposer sans concertation ».

Quelles seront les conséquences de ce projet ?

  • des centres d’audioprothèse contraints, pour les plus fragiles, de mettre la clé sous la porte et donc une désertification de l’offre en audioprothèse ;
  • une baisse de la qualité de l’appareillage en raison de l’impossibilité de renouveler avant 5 ans ;
  • une mise à mal du suivi des patients, et donc de leur satisfaction, en raison de la dissociation entre la vente et l’accompagnement de suivi.

Les syndicats « dénoncent un projet technocratique en contradiction avec les engagements politiques du Président de la République d’assurer un meilleur équipement aux Français, et réaffirment leur volonté de contribuer à cette mesure de justice sociale ». Et d’ajouter : « les professionnels de l‘audioprothèse ont toujours appelé de leurs vœux la réforme du reste à charge. Ils ont pour cela formulé un ensemble de propositions chiffrées, solidaires et réalistes ».

*Les instances représentatives de l’audioprothèse sont le Collège national d’audioprothèse (CNA), le Syndicat national de l’audition mutualiste (Synam), le Syndicat national des entreprises de l’audition (Synea), le Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf).