« Objectif Zéro délai. » Thierry Bour a réitéré ce vendredi 28 mai sa volonté de s’y tenir. Lors d’une visioconférence, le président du Snof a dévoilé les résultats d’une étude sur les premières installations des ophtalmologistes, leur démographie et leur répartition sur le territoire. Et a présenté un plan d’action pour reconquérir, dans les cinq ans, les zones médicalement sous-dotées, alors que les délais de rendez-vous auraient chuté de 33 jours depuis 2017.

Une meilleure répartition des ophtalmologistes ?

Lors d’une réunion à la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale avec l’ensemble de la filière le 12 mai dernier, Thierry Bour avait concédé qu’en dessous de 8 ophtalmologistes pour 100 000 habitants, la densité était insuffisante. Cette densité s’élève à 8,7 sur l’ensemble du pays selon les chiffres donnés par le syndicat ce vendredi.

Les zones d’installations privilégiées restent l’Île-de-France (25%), Auvergne-Rhône-Alpes (11%) et PACA (11%). Dans les territoires peu denses, le Snof constate que s’ils concentrent seuls 8% des ophtalmologistes, 16% de ceux qui s’installent pour la première fois les choisissent. Une dynamique que le syndicat admet « fragile ». Dans notre News de la semaine dernière, le Rof alertait sur la situation à venir : « Dans 5 ans, ce seront 87 départements et 48 millions de Français qui vivront dans un département avec moins de 7 ophtalmologistes pour 100 000 habitants. »

On retient aussi que 52% des ophtalmologistes qui s’installent sont des femmes, quand elles ne représentent que 41% de l’ensemble de la profession (une féminisation que nous avions aussi constaté en optique en 2020). Et que l’arrivée d’ophtalmologistes étrangers, qui représentent 18% du total des ophtalmologistes en 2019 (contre 10% en 2010), compense le déficit du nombre de diplômés français.

« Reconquérir les zones médicalement sous-dotées »

Les zones sous-dotées représentent, selon le Snof, 19% de la population pour seulement 11% des ophtalmologistes. Dans son « plan d’action pour les reconquérir », Thierry Bour a exposé 3 points :

  1. Accroître l’offre dans les moyennes et grandes agglomérations pour alléger la pression dans les zones sous-dotées. Cela pourrait amener le quart des habitants de ces zones (3,2 millions) à davantage consulter en agglomération.
  2. Favoriser l’installation de jeunes ophtalmologistes dans les zones sous-dotées. Seulement 7% s’y installent spontanément. Le Snof souhaite monter à 10% et avoir des cabinets suffisamment équipés. L’objectif est d’avoir 500 ophtalmologistes libéraux en permanence dans ces zones pour faire face à la moitié des besoins oculaires de la population concernée (6,4 millions d’habitants).
  3. Développer les cabinets secondaires afin de réduire les zones sous-dotées. Selon le Snof, 8% des ophtalmologistes pratiquaient dans un cabinet secondaire en 2019, mais 25% souhaiteraient en ouvrir si les conditions étaient plus attractives.

Thierry Bour en appelle à différentes aides pour favoriser l’installation des jeunes ophtalmologistes dans ces zones et stimuler la création de cabinets secondaires (contrat d’aide à l’installation, contrat de transition, contrat collectif pour les soins visuels, contrat de solidarité territoriale médecin…).

Vous l’aurez noté, dans ce plan de reconquête des zones sous-dotées, le Snof n’inclut que les ophtalmologistes... Un positionnement dont Alain Gerbel nous avait fait part à l'issue de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.