Le président de Krys Group, Christophe Lemesle, a rencontré le Président de la République hier, 2 décembre, dans le cadre d’un dispositif mis en place par l’Etat pour favoriser les liens entre sportifs et entreprises. Il a profité de ce moment privilégié pour lui remettre un dossier sur notre filière, proposant des solutions qui pourraient nourrir la réflexion du Gouvernement sur l’avenir de l’optique en France. Pour Acuité, il revient sur son échange avec François Hollande.

Acuité : Quels sujets abordez-vous dans le dossier remis au Président ?

Christophe Lemesle : Il y a une dizaine de jours, nous avons appris que nous serons reçus par le Président de la République à l’occasion de la signature d’une convention relative à la professionnalisation des sportifs de haut niveau. Une occasion inespérée pour lui parler de la force de Krys Group mais aussi de notre filière d’excellence, du marché de l’optique et de l’incidence des lois votées ces derniers mois. Nous avons donc préparé rapidement ce rapport, facile à parcourir, avec pour objectif de pouvoir approfondir le sujet avec un de ses conseillers.

A : Quels constats y exposez-vous ?

C.L. : Globalement, nous estimons que le marché va baisser d’un milliard d’euros en France. Près de 5 000 emplois de la distribution risquent de sauter et 1 000 postes pourraient être détruits dans les laboratoires de surfaçage. A terme, probablement 100% de verres progressifs seront importés contre 50% aujourd’hui. Nous assisterons alors à la dégradation de la qualité des verres, entraînant une dépense collective plus importante avec la prise en charge des accidents de la route ou domestiques inhérents à la bonne qualité visuelle des Français. A cela, viendra s’ajouter un manque à gagner de 200 millions d'euros de TVA. Car globalement, les mutuelles vont profiter des économies réalisées sur notre secteur et rien ne nous montre que les porteurs vont bénéficier d’une redistribution de pouvoir d’achat.

A : Quelles sont les propositions portées par Krys Group ?

C.L. : Nous savons que le dialogue entre le gouvernement et les entreprises est indispensable pour réussir, ensemble, la mutation de la filière optique, tout en préservant les intérêts de la profession et la santé visuelle de tous. C’est pourquoi nous soutenons 6 propositions :

- passer la formation de l’opticien à trois ans dans le schéma LMD afin d’élargir ses prérogatives ;  

- rendre aux Français du pouvoir d’achat en systématisant la délivrance de trois devis, dont une offre de base pour un reste à charge nul, et permettre à ceux qui le souhaitent d'accéder à de meilleurs produits ;

- étendre la durée de validité des prescriptions médicales de 3 à 5 ans pour faciliter le parcours des clients ;

- instituer les réseaux de soins ouverts pour garantir au porteur la liberté de son professionnel de santé ;

- imposer aux mutuelles de mettre en place un dispositif pour traquer la fraude et la sanctionner, car nous sommes seuls sur le sujet ;

- enfin, supprimer le remboursement différencié qui est une conséquence des réseaux de soins fermés et qui s’applique uniquement à notre secteur.

A : Quelle a été la réaction de François Hollande ?

C.L. : Le Président m’a confié qu’il connaît bien nos enseignes et qu’il reste attentif à notre filière. L’entrevue a été brève mais il a été à l’écoute. Si nous n’avons aucune garantie de retour, l’objectif est bien évidemment d’aller plus loin et de travailler ensemble. Nous l’avons d’ailleurs personnellement invité à visiter notre site de Bazainville. Nous serons ravis de lui faire un examen de vue sur place et de lui offrir un équipement avec une monture française.