Durant le congrès de la SFO (Société Française d'Ophtalmologie) qui s'est tenue du 10 au 12 mai 2025, une conférence a mis en lumière l'impact majeur de l'intelligence artificielle (IA) sur la santé, en particulier l'optimisation chirurgicale et l'amélioration de la relation patient-médecin.

Stephanie Magazzeni, directrice recherche et innovation chez Zeiss, a fait le point sur les avancées de l'IA et ses utilisations.

Un gain de temps

Un outil basé sur l'IA de chez Zeiss, le « surgery optimizer », permet aux chirurgiens d'analyser leurs actes. En segmentant automatiquement les phases d'une opération, il offre une comparaison avec des références antérieures ou d'autres chirurgies, visant l'excellence et la réduction du temps opératoire.

Une étude en Inde a démontré un gain de temps de 60%, soit 10 minutes par chirurgie, un avantage crucial face à la demande croissante. L'outil est exploré avec la réalité virtuelle/augmentée (ex : Apple Vision Pro) pour utiliser l'espace de travail plutôt qu'un écran.

Une communication patient-médecin améliorée

Dans l'interaction patient, l'IA générative offre des opportunités malgré le risque d'informations de mauvaise qualité.

En santé, la richesse des données validées (publications, manuels, etc.) atténue ce risque. Le pilote « VisioGen », pour la chirurgie réfractive aux États-Unis, permet aux médecins de recevoir des questions des patients par e-mail, l'IA générant une réponse personnalisée rapide que le médecin valide avant envoi.

Cela entraîne un gain de temps pour plus de 50% des utilisateurs et augmente la décision des patients en faveur de l'opération. À terme, chatbots et avatars pourraient gérer entièrement cette communication, à l'image de « Sarah » de l'OMS, décrite comme une interlocutrice conviviale et bienveillante sur la santé.

L'IA pour remplacer les médecins ?

La question d'un remplacement du médecin par l'IA a été abordée en référence à une publication italienne. Si la nécessité de professionnels pour les technologies complexes est admise, trois arguments contre le remplacement sont contestés :

  • L'empathie : certains patients trouvent l'IA (chatbots, robots compagnons...) plus empathique, ce qui s'explique par la disponibilité de l'IA pour répondre aux questions ;
  • Les tâches complexes : L'IA gère déjà des environnements imprédictibles (conduite autonome), plus complexes que la chirurgie en termes de variables. Des robots autonomes ont même surpassé des experts pour certaines tâches (suture) ;
  • L'évolution de la pratique : L'intégration des nouvelles connaissances scientifiques (plus de 3 millions de publications/an) est très lente pour l'humain (jusqu'à 17 ans d'inertie). L'IA est le seul moyen d'intégrer rapidement cette masse d'informations pour faire évoluer les pratiques.

L'IA est donc appelée à prendre une « grande place », sans « totalement remplacer » les médecins.

Enfin, l'avenir pourrait résider dans les « jumeaux numériques ». Face au cloisonnement actuel des données médicales, ce concept propose de centraliser toutes les données d'un patient (santé classique, mais aussi bien-être via objets connectés).

L'IA analyserait ce « jumeau numérique » complet pour identifier des informations cachées, améliorant diagnostic et traitement.

Étendue à la population, cette approche permettrait de passer d'une médecine réactive à une médecine proactive.