S’assurer contre les dépenses courantes de santé peut revenir plus cher que financer soi-même ces dépenses. D’autres l’ont déjà dit en leur temps, à l’instar d’Anne Marion et d’Etienne Caniard. Cette fois, Acuite.fr est allé à la rencontre de Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures et du site Good value for money, qui confirme ce postulat.

Seulement 55 à 65 % de la cotisation sert à rembourser les frais de soins

Pour défendre sa position, Cyrille Chartier-Kastler explique tout d’abord les taxes auxquelles sont assujetties les Ocam et qui sont évidemment répercutés sur les assurés. « Les complémentaires santé sont assujetties à 7% de taxe spéciale sur les conventions d’assurances plus 6,27% de taxe de solidarité au profit du fonds CMU. Pour une cotisation de 100 euros, 11,72 euros de taxes sont reversées à l’Etat », argumente-il. Sur une cotisation, la part consacrée aux coûts administratifs et de gestion et à la rémunération des courtiers pèsent également lourd. « Sur une base 100 de cotisations encaissées par un assureur santé, la quote-part qui sert au remboursement des frais de soins varie de 55 à 65 % », souligne Cyrille Chartier-Kastler. Pour certains, la part consacré à l’optique n’excède pas 15%. Des chiffres confirmés par l’Observatoire de l’optique Bien Vu qui publient des données de la Drees : pour les contrats individuels les frais de gestion s’élèvent à 29,6% pour les sociétés d’assurance, 18,3% pour les mutuelles et 9,1% pour les instituts de prévoyance.

S’auto-assurer revient deux fois moins cher

« En 2011, les dépenses d’optique se sont élevées à 5,24 milliards d’euros : 3,65 milliards ont été remboursés aux assurés par leur complémentaire et 200 millions par la Sécurité sociale », indique Cyrille Chartier-Kastler. A noter également que les statistiques présentées font état d’une dépense d’optique moyenne de 88€ par an et par habitant en France contre 54€ en Allemagne et 49€ au Royaume-Uni. Les données de l’institut SWV, publiées dans l’Observatoire de l’optique Bien Vu, affichent le même ordre de grandeur avec 55€ de dépenses au Royaume-Uni et 59€ en Allemagne.

Pour les risques courants certains, comme l’optique et le dentaire, Cyrille Chartier-Kastler estime plus judicieux et surtout moins coûteux de s’auto-financer. « Dans le cas des dépenses optiques, nous ne sommes pas dans un risque incertain. Il n’existe aucun aléa pour l’assureur qui n’a pas vocation à faire œuvre de bienfaisance », analyse-t-il. Pour le calcul de la cotisation, les Ocam intègrent ce qu’ils auront à payer à l’opticien, les taxes, leurs charges et leur marge. « Il est deux fois moins cher de prendre à sa charge ce type de dépenses que de s’assurer. Je conseille simplement d’anticiper la dépense en mettant chaque mois de côté entre 20 et 30€ », explique le spécialiste.