Alors que le délai d’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmologiste reste à 80 jours en moyenne, le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) promeut le développement de l’exercice des praticiens en multi-sites. Sa volonté est de renforcer l’accès aux soins sur tout le territoire, en synergie avec les délégations de tâches.

Dans ce contexte, à l'aube du congrès de la SFO 2019, qui se déroule du 11 au 14 mai 2019, le syndicat présente une étude sur l’exercice en sites secondaires multiples*.

Plus ¼ des ophtalmologistes intéressés par l’exercice en cabinet secondaire

Premier enseignement : la clinique (56%) et l’hôpital (17%) demeurent les sites d’intervention secondaires les plus fréquents, mais 8% des ophtalmologistes interviennent dans des cabinets secondaires, contre seulement 1% en maison de santé. En 2018, 10 480 sites sont couverts, contre 8 584 en 2013 (cabinets de groupe et individuels, établissements de santé, centre de santé, remplaçants)**. Soit une hausse de 22% en 6 ans.

Selon cette enquête, 25% des praticiens seraient intéressés pour ouvrir un cabinet secondaire et 19% se disent prêts à reprendre un cabinet sans successeur, afin d’y ouvrir un cabinet secondaire. Objectif : élargir l’offre de consultation et l’accès aux soins oculaires de première ligne dans les zones sous-dotées où la population est souvent plus âgée et moins mobile.

Pour être efficace, le développement de l’exercice en multi-sites serait accompagné par de nouveaux protocoles organisationnels à distance. Plusieurs sont actuellement en voie de finalisation pour permettre la prise en charge d’une partie des patients en télémédecine, avec examen sur place par des orthoptistes (renouvellement de lunettes, glaucome, dépistage de la rétinopathie diabétique…). Les autres patients, ne rentrant pas dans ces protocoles, seront vus par des ophtalmologistes qui viendront certaines jours sur ces sites.

Assouplir les conditions d’ouverture

Le Snof demande le soutien des pouvoirs publics pour favoriser l’ouverture de sites secondaires. Plusieurs propositions sont formulées parmi lesquelles :

  • se limiter à une déclaration administrative simple au Conseil de l’Ordre des médecins ;
  • ouvrir les aides conventionnelles en zones sous-dotées à ces sites (l’établissement de zonage spécifique à l’ophtalmologie fait cruellement défaut),
  • permettre l’utilisation du Contrat de Coopération Collectif pour les Soins Visuels (uniquement réservé pour l’instant aux maisons de santé et aux centres de santé) ;
  • pouvoir se faire remplacer sur le site principal lorsqu’on intervient sur un site secondaire.

« Les ophtalmologistes se montrent à la hauteur des enjeux et sont très impliqués pour mettre en œuvre de nouvelles solutions afin de favoriser l’accès aux soins oculaires. Mais cela ne se fera pas uniquement grâce à leur bonne volonté. C’est pour cela que nous demandons aux pouvoirs publics d’assouplir les conditions d’ouverture des sites secondaires », commente le Dr. Thierry Bour, président du Snof. Et de conclure : « alors que la démographie des ophtalmologistes reprend des couleurs, que les délégations de tâches font leurs preuves avec des résultats tangibles en matière de délais d’attente, des efforts doivent être faits pour accélérer l’exercice multi-sites. C’est de cette manière que nous atteindrons le zéro délai pour tous en 2022 ».

*Enquête Snof menée auprès de 2543 ophtalmologistes du 1er janvier au 7 mai 2019, adhérents du SNOF. Taux de réponse de 62%.

**Source Drees