Lors de la 16e Journée du Syndicat national des ophtalmologistes français (Snof) le samedi 13 septembre, Hugues Verdier-Davioud, président de la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof), a livré un diagnostic sans fard sur l’état du marché et trace plusieurs pistes d’action. Il se félicite de la liberté de ton et la franchise des échanges, et que chacun ait pu exprimer ses positions sans filtre, y compris lorsqu’elles étaient divergentes.
Son fil rouge : redonner aux magasins d’optique leurs lettres de noblesse à travers leur coeur de métier, assainir les pratiques autour des ordonnances et préserver l’indépendance professionnelle face aux réseaux de complémentaires.
« Oui, il y a trop de magasins »
Sujet rarement abordé publiquement, la densité du parc est, selon lui, devenue un angle mort stratégique : « Le maillage est suffisant, mais on doit mieux nous utiliser et de façon rémunérée. L’excès fragilise l’équilibre économique, entretient des prix élevés et incite à “courir après l’ordonnance”. » En clair, le nombre important de points de vente pousserait certains acteurs vers deux dérives :
• le recours à des solutions de productions d’ordonnances peu voire non encadrées et mise en cause actuellement non seulement par les médecins, mais aussi par les complémentaires santé ;
• la quête opportuniste d’ordonnances (entreprises, mairie, …), au détriment du rôle de conseil en magasin.
Hugues Verdier dénonce la « course à l’ouverture » entre enseignes, contre-productive y compris pour leurs propres points de vente.

A gauche, Jean-François Porte, président du Rof, à droite Hugues Verdier-Davioud, président de la Fnof
Publicité : stop à l’incitation commerciale, oui à l’information de santé
Autre position tranchée : l’opposition à la publicité commerciale (enseignes et produits) qui « n’apporte ni valeur sanitaire ni pertinence économique ». En revanche, il ouvre la porte à des campagnes d’intérêt général sur la prévention visuelle, idéalement portées par une structure collective indépendante dédiée et non par les marques : « Informer, oui. Stimuler l’achat, non. » Communiquer sur l'existence de dispositifs médicaux et sur la prévention pourrait être porté par l’Asnav, si on lui en donnait les moyens.
Alerte sur la « tutelle » des réseaux
Le président de la Fnof met en garde contre un basculement du marché sous la houlette des complémentaires via des dispositifs de « conformité réseau ». À ses yeux, le renforcement du contrôle tarifaire et la montée de la « pertinence des soins » risquent d’aboutir à des prescriptions de verres dictées par des acteurs non soignants (Ocam ou verriers). « Si l’on nous impose des verres, alors ils cessent d’être un dispositif médical. C’est notre expertise qui s’efface. » L’exemple des montures connectées diffusées hors du circuit professionnel illustre, selon lui, cette dérive.
Télé-expertise : une alternative protocolisée, locale et rémunérée
Les ophtalmologistes présents ont rappelé qu’une télé-expertise « qui vaut consultation » doit reposer sur un socle d’examens complet. Hugues Verdier-Davioud propose une voie médiane :
• examens automatisés réalisés en magasin (tonométrie, rétinoscopie/otoscopie rétinienne, etc.) ;
• transmission via messagerie sécurisée ou DMP ;
• avis et ordonnance de l’ophtalmologiste local ;
• création d’un acte rémunéré pour l’opticien.
Objectif : offrir une alternative sécurisée à la fois pour le médecin et le patient, pour un avis pertinent basé sur un examen complet, conforme aux recommandations du CNPO. « La solution est prête et facile à mettre en oeuvre et à certifier », précise le président de la Fnof.
Lutte contre la fraude : une solution « prête » mais bloquée
Sur la fraude, le président affirme qu’une solution technique de conformité, apte à intéresser les complémentaires et à certifier des flux (y compris de téléexpertise et de l’ordonnance), « fonctionne depuis un an » mais voit son déploiement freiné par des fabricants, dans l’attente hypothétique d’un autre schéma de réseau. Il évoque la blockchain comme brique de traçabilité, et a indiqué avoir reçu des marques d’intérêt de contactologues, complémentaires, ophtalmologistes.
Coopération opticiens–ophtalmos : des chiffres qui invitent à accélérer
Malgré parfois des crispations entre professionnels de la santé visuelle, Hugues Verdier-Davioud souligne une amélioration tangible des échanges : dans le cas des adaptations des primo-prescriptions, 65 % des sollicitations reçoivent une réponse, dont 97 % aboutissent à un accord en trois jours en moyenne. De quoi justifier un passage à l’échelle : généralisation de la messagerie sécurisée et ancrage de pratiques protocolisées.

Perso je serai plutôt pour limiter le nombre de magasins appartenant à la même personne plutôt que d'empêcher un petit jeune qui veut faire son concept de le faire. Ca aurait plus de sens. Mais dans tout métier il y a une limite naturelle au nombre de magasins pouvant exister. Cela se régulera donc naturellement.
Ce qui serait dommage c'est de laisser des vieux routiers avec 20 magasins les garder et être plus des rentiers qu'autre chose tout en empêchant des jeunes motivés qui font vraiment le métier de faire leur propre magasin. Ce ne serait clairement pas juste ni logique ni productif pour notre métier de faire ça. L'optique deviendrait alors une rente et plus un métier, ce qui est un vrai problème.
Limiter donc le nombre de magasins pouvant être possédés par la même personne et empêcher des gens qui n'ont pas le diplôme de créer et de posséder des magasins serait plus logique. Tous ces managers aussi dans les franchises ou les succursales qui viennent encadrer des équipes alors qu'il y a 2 mois ils étaient managers dans un magasin de chaussures, bon y'a plein de choses à voir plutôt que de tuer la jeunesse et l'innovation je pense.
Devenu bien trop important, cela finirait par engendrer tôt ou tard bien des problèmes …
Pourquoi ?
Les prix de reprise sont complètement déconnectés de la réalité économique actuelle, parce qu’ils reposent sur un modèle de remboursements qui n’existe plus. Forcer la nouvelle génération à payer ces montants, c’est la condamner à s’endetter lourdement pour sauver des structures en fin de cycle.
La liberté d’entreprendre, ce n’est pas imposer des rachats artificiels, c’est permettre à ceux qui veulent créer un projet viable et adapté au marché d’aujourd’hui de le faire sans subir le poids d’un héritage coûteux.
Enfin, croire que restreindre le nombre de magasins « tirera la profession vers le haut » est une illusion : c’est la transparence des prix, la qualité de service et la capacité d’innovation qui font évoluer un métier, pas le maintien artificiel d’un maillage figé pour protéger quelques vendeurs.
En réalité, ce type de raisonnement ne vise qu’à préserver la rente des anciens, au détriment de l’avenir de la profession.
Faute de raison, c’est l’anarchie qui s’installe et devient la règle.
Et l’anarchie se résout souvent par la mise en place d’une dictature.
L’idéal ?
L’ auto-régulation,… mais la profession s’y refuse depuis 10 ans, malgré les demandes réïtérées des pouvoirs publics.
Donc un peu de régulation réfléchie plutôt qu’une régulation imposée ne vaudrait elle pas mieux qu’une dérégulation sauvage ?
Le patient lui même n’y trouverait il pas son intérêt ?
Et ne devrait il pas être seul au cœur de nos préoccupations ?
La régulation on a essayé et on en a de plus en plus. Libérer le marché et les meilleurs patrons emploieront les meilleurs opticiens. Les docteurs ne seront plus des agents de l’ars et redeviendront ce qu’ils ont toujours voulu être, des docteurs. Le problème est que la régulation crée le régulateur et vice versa, c’est sans fin. Et nous, on évolue dans un secteur complètement faussé par la connivence, la régulation et la subvention.
Respect de la propriété privée, égalité de tous devant la loi et pas plus de de régulation s’il vous plaît.
Normalement, le besoin en lunettes restera. Acuité a fait un dossier sur l’histoire de l’optique qui peut nous rassurer là dessus.