Si on sait déjà qu’un test oculaire peut aider à prévenir un AVC ou déceler la maladie d’Alzheimer, des chercheurs de l’Université de Californie ont découvert que l’examen de la rétine peut également permettre de dépister la démence fronto-temporale (FTD). Cette étude, publiée fin août dans le Journal of Exprimental Medicine, précise que cette maladie neurodégénérative apparaît essentiellement entre 35 et 75 ans. Elle se manifeste « par un changement précoce de la personnalité et du comportement social ainsi que par des troubles du langage ».

Or pour les scientifiques, ces symptômes seraient faciles à repérer en amont grâce à une analyse rétinienne. En observant la rétine d'un groupe de volontaires atteints de mutation génétique suite à une FTD, ils se sont aperçus que celle-ci était beaucoup plus mince que chez les personnes ne souffrant pas de mutation génétique. « Grâce à ces résultats, nous savons que l’amincissement rétinien peut représenter un marqueur pré-symptomatique de la démence, mais nous avons aussi progressé dans la compréhension des mécanismes sous-jacents, et ils pourraient aboutir à la définition de nouvelles cibles thérapeutiques », résume le Dr Li Gan, auteur de l'étude.

Car, si la rétine s’amincit, c’est justement parce que les neurones qui la composent meurent progressivement : les neurones des zones frontale et temporale du cerveau perdent leur fonction et meurent, ce qui entraîne les symptômes cognitifs. Mais jusqu’ici, les chercheurs ignoraient comment c’était possible. « Nos travaux suggèrent que la rétine est une fenêtre sur le cerveau », affirme le Dr. Gan, en soulignant qu’à terme elle pourrait être utilisée comme un « modèle pour étudier le développement de la FTD dans les neurones ». En France, on estime qu’environ 5 000 personnes sont atteintes de cette maladie.