Nos lunettes sont-elles plus chères*qu'à l'étranger ?

Lors de l’émission Service public diffusée sur France Inter, sur le thème  « La guerre des lunettes », Guillaume Erner et ses invités Mathieu Escot, chargé de mission santé à l'UFC Que Choisir, Pierre Wizman, fondateur de Polette, un opticien en ligne, et Alain Gerbel, Président de la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof), ont débattu sur ce sujet. Vous avez réagi hier sur le forum. Nous avons écouté l’émission pour vous proposer les meilleurs extraits.

Mathieu Escot a souligné que « les Français avaient un budget optique 50% supérieur à la moyenne des grands pays européens ». La raison ? En majorité, ils bénéficient d’une complémentaire santé « qui va payer une partie des dépenses, parfois davantage quand ils ont une mutuelle d’entreprise ». Et de poursuivre : « C’est très spécifique à la France, ça n’existe pas ailleurs. A l’étranger, les gens payent entièrement les lunettes de leur poche. Quand vous sortez l’argent de votre poche, vous faites attention, vous allez chercher le bon rapport qualité-prix », explique-t-il. Aussi, ce dernier remet en cause les opticiens et dénonce un affichage de prix bas qui ne traduit pas la réalité : « Dans les magasins physiques, vous avez depuis longtemps des équipements à moins de 100 euros. Mais quand vous y allez, les opticiens vous expliquent que si vous voulez une bonne monture c’est beaucoup plus cher, un amincissement encore plus et ainsi de suite ». Et d'ajouter : « C'est pour cela que même si les chaînes de magasins font beaucoup de publicité sur les lunettes pas chères, le prix moyen est extrêmement élevé ».  

« Nous ne vendons pas ce type de produit en magasin… »

De son côté, Alain Gerbel a remis en cause les sites Pure player : « Sur internet, il n'y a aucune mention légale, où est aussi le devis et l'origine des verres? », a-t-il interpellé Pierre Wizman. Le fondateur de Polette a expliqué qu’il fabriquait ses montures et verres « dans son usine pour limiter les intermédiaires ». Pour vérifier la qualité des produits, Guillaume Erner a acheté sur le site Polette une paire de lunettes de vue à 40 euros et une solaire à 15 euros. Ces deux équipements ont été testés par une opticienne. Pour elle, « l’antireflet est médiocre, il est difficile à nettoyer au quotidien.  Ce n’est pas super et les verres ne sont pas hyper amincis », a-t-elle expliqué. Quant à la solaire, « elle tiendra 6 mois pas plus, c’est une catastrophe. Nous ne vendons pas ce type de produit en magasin. La monture ne vaut rien, ils doivent l’acheter même pas 3 euros », a-t-elle ajouté. Réponse de Guillaume Erner, l’animateur de l’émission Service public : « Mes solaires me donnent satisfaction, mais avec les lunettes de vue, je n’ai pas l’impression de toujours bien voir avec ».

« Nous ne faisons aucune modification de facture… »

En caméra cachée, une autre expérience a été réalisée cette fois dans un magasin parisien. L’opticienne a d’abord vérifié la correction sur l’ordonnance de moins 3 ans, avant de choisir avec son client la monture. Elle a proposé des prix attractifs et la deuxième paire. « Nous avons 40% de remise sur les montures et ensuite vous avez une deuxième paire de marque à la hauteur du prix remisé de la monture ». Comment expliquer des prix aussi attrayants ? « Nous avons beaucoup de magasins, je pense que les prix sont négociés avec le siège. Ils doivent payer les lunettes moins chères qu’un indépendant qui en a un ou deux », a-t-elle précisé. Répondant à la question sur les fausses factures, cette opticienne a expliqué qu’elle ne le faisait pas. « Nous ne faisons aucune modification de facture, cela existe certainement mais ce que les autres font ne me regardent pas », a-t-elle expliqué.

« On ne fait pas le même métier », a conclu Alain Gerbel en s’adressant à Pierre Wizman, fondateur de Polette.  

     

*Selon une étude de l’UFC-Que Choisir, le prix moyen d’un équipement optique est de 470 euros.