La fréquence de renouvellement des lunettes reste un indicateur clé de l’activité des opticiens. À l’occasion de sa conférence de presse du 8 décembre 2025, le Rassemblement des Opticiens de France (ROF) a dévoilé les résultats d’une étude menée par Gallileo Business Consulting auprès de 3 001 porteurs de lunettes. Un éclairage précieux sur les comportements d’achat, les ressorts du renouvellement et la perception du rôle de l’opticien dans le parcours de soins visuels.
Un marché tiré par le renouvellement, non par de nouveaux porteurs
Premier enseignement majeur : 93 % des achats réalisés entre 2021 et 2025 sont des renouvellements, et seulement 7 %concernent des primo-accédants. Le marché reste donc largement soutenu par la population déjà équipée.
Une donnée cohérente avec la croissance modérée mais solide du secteur.
Un cycle moyen de 2 à 4 ans pour près de trois porteurs sur quatre
La fréquence de renouvellement se concentre clairement sur une période relativement courte :
- 90% des porteurs ont acheté leur dernière paire de lunettes entre 2021 et 2025
- 66% ont renouvelé leurs lunettes avant 3 ans (soit entre 2023 et 2025)
- 10% l'ont acheté en 2022
- 5% en 2021
- et 10% n'ont pas renouvelé leur paire de lunettes depuis 2020 ou avant
45% des consommateurs interrogés indiquent qu'en général, ils rachètent une nouvelle paire avant 3 ans.
La santé visuelle, premier moteur du renouvellement
Les motifs avancés par les porteurs sont sans ambiguïté :
- 78 % des porteurs disent avoir renouvelé leur équipement car leur vision avait évolué ou qu’ils voyaient moins bien.
- Près de 40 % évoquent l’usure ou la casse des verres ou de la monture.
Les motivations esthétiques, promotionnelles ou publicitaires apparaissent très marginales.
Les campagnes marketing ne poussent pas artificiellement à la consommation : 3/4 des répondants assurent que la publicité n’influence pas la fréquence de leurs achats.
Pour résumer, les consommateurs vont chez l'opticien avant tout pour des raisons de santé (pour 92% des répondants).
Un renouvellement précédé presque systématiquement d’un examen de la vue
Dans 87 % des cas, l’achat de nouvelles lunettes est précédé d’un examen visuel réalisé par un professionnel de santé, plus de 4 fois sur 5 réalisé par un ophtalmologiste, qui n'a, rappelons-le, pas d'intérêt économique dans le renouvellement. 85 % des sondés déclarent connaître la possibilité de réaliser un examen de vue chez un opticien, et 81 % disent avoir confiance dans leur opticien pour tester leur vue.
Des comportements influencés par le budget… mais pas au détriment du besoin médical
Si 92 % des porteurs affirment que leur renouvellement dépend avant tout de leur besoin visuel, près de la moitié reconnaît retarder l’achat en raison d’un remboursement jugé insuffisant.
Le 100 % Santé est plutôt bien identifié (90 %), mais seuls 19 % l’ont utilisé intégralement ou en partie lors de leur dernier achat.
73 % des porteurs ayant un reste à charge l’expliquent par le choix d’une monture à leur goût, et 59 % par la sélection de verres avec options supplémentaires.
Une réalité intéressante : 1 porteur sur 7 renouvelle avec la même ordonnance
Enfin, un chiffre interpelle : 13 % des consommateurs déclarent avoir utilisé la même ordonnance que pour leur achat précédent.
Entre méconnaissance des règles, délais de rendez-vous et perception personnelle de la stabilité visuelle, cette pratique souligne l’importance du rôle d’information de l’opticien.
Ce qu’il faut retenir
Cette étude confirme une tendance structurante :
- le renouvellement des lunettes est d’abord un acte de santé, non un acte opportuniste ;
- l’opticien occupe une place grandissante dans le parcours visuel, soutenu par une forte confiance des porteurs ;
- le budget reste un frein, mais n’inverse pas la dynamique du renouvellement ;
- la majorité des porteurs renouvellent dans un cycle inférieur à quatre ans, ce qui stabilise la demande et ouvre des opportunités de fidélisation.
Dans un contexte de débats sur les remboursements, les délais de rendez-vous et le rôle des acteurs de santé, ces résultats rappellent que la profession d'optcien demeure un acteur pivot, à la fois de proximité, compétent, et légitime.
Retrouvez ici l'analyse de cette étude par Jean-François Porte, président du Rassemblement des opticiens de France.
