Jean-François Porte, président du Rassemblement des opticiens de France, donne son analyse de la dernière étude Gallileo sur les tendances de consommation des Français concernant notamment le renouvellement de leurs lunettes.

Il insiste d’abord sur les facteurs démographiques et sociétaux qui transforment durablement le marché : vieillissement de la population, allongement de l’espérance de vie et forte progression de la myopie liée aux usages numériques. Selon lui, ces tendances expliquent l’arrivée de 7 % de nouveaux porteurs, un moteur essentiel de la croissance du secteur — bien plus que la publicité ou des logiques commerciales.

Jean-François Porte rappelle que les dépenses d’optique augmentent pour des raisons médicales, soutenues par l’innovation (verres techniques, forte part de progressifs). Le marché s’est développé par les volumes plus que par les prix : entre 2018 et 2024, les prix de l’optique n’ont progressé que de 5,7 %, bien en-deçà de l’inflation générale (+ 15,4%), preuve selon lui que la profession « a joué le jeu du pouvoir d'achat ».

Le président du ROF met en avant la force du maillage territorial, avec 16 000 magasins (selon les derniers chiffres de l'Insee) et 45 000 opticiens, gage d’un accès facilité aux soins visuels.

Les renouvellements sont motivés par un besoin de santé visuelle

Il souligne un deuxième enseignement majeur : l’optique n’est pas un marché de consommation, mais un secteur prescrit. L’étude montre que 92 % des renouvellements sont motivés par un besoin de santé visuelle. Les restes à charge, lorsqu’ils existent, sont le plus souvent « choisis », notamment pour les montures. Le 100 % Santé est par ailleurs très bien identifié : 90 % des Français en ont connaissance, avec un taux de pénétration autour de 20 %.

Troisième point : les parcours de soins sont solides, avec 87 % des renouvellements précédés d’une ordonnance. Toutefois, Jean-François Porte alerte sur les conséquences d’un éventuel espacement des remboursements, qui réduirait mécaniquement la fréquence des visites médicales. Le ROF défend une évolution du rôle de l’opticien comme point d’entrée du parcours, en coordination avec les ophtalmologistes — une orientation appuyée par la forte confiance du public : plus de 8 porteurs sur 10 font confiance à leur opticien pour tester leur vue.

Enfin, il appelle à préserver l’équilibre actuel de la prise en charge entre assurance maladie obligatoire et complémentaires santé. Cet équilibre garantit l’accès aux équipements correcteurs, notamment pour les petites structures de proximité. Remettre en cause ce système aurait, selon lui, des conséquences sérieuses sur la santé visuelle des Français et sur la viabilité du réseau.

Jean-François Porte rappelle que les comportements des Français en matière d’optique sont rationnels, que 45 % renouvellent leurs lunettes tous les deux ans ou plus fréquemment, et que le rôle des opticiens doit être renforcé auprès des populations fragiles ou isolées, dans un cadre coordonné et de santé publique.