Parmi les pathologies oculaires les plus sévères et handicapantes se trouvent les dégénérescences rétiniennes, comme la rétinite pigmentaire, maladie le plus souvent génétique et aujourd'hui incurable, qui peut conduire à la cécité. Une récente étude donne l'espoir d'une solution qui s'appuie sur les capacités de régénération de certaines espèces animales, en particulier le poisson-zèbre*. 

 

Dans un article publié en mars 2025 dans la revue scientifique anglo-saxonne Nature, une équipe de scientifiques du Korea Advanced Institute of Science and Technology ont mis en évidence la possibilité pour des mammifères de régénérer les tissus d'une rétine endommagée. 

 

Bien que certaines espèces animales (comme les poissons, les amphibiens et les reptiles) puissent naturellement régénérer des parties du corps, y compris la rétine, les mammifères, dont les humains, n'ont pas cette capacité dans les tissus du système nerveux central. Cette équipe de chercheurs coréens a découvert qu'elle pouvait induire une régénération rétinienne à long terme chez la souris en supprimant (bloquant) une protéine spécifique appelée PROX1 (Prospero-related homeobox 1). Cette découverte ouvre potentiellement la voie à inverser la cécité causée par la dégénérescence rétinienne, affectant des millions de personnes aujourd'hui.

 

Le rôle des cellules gliales de Müller

  • Chez les mammifères, les cellules gliales de Müller sont des cellules de soutien pour les neurones rétiniens. Après une blessure, la protéine PROX1 a tendance à s'accumuler dans ces cellules chez les souris. Cette protéine a pour effet d'inhiber le développement de différents types de cellules rétiniennes.
  • Chez des animaux capables de régénération rétinienne, comme le poisson-zèbre, les cellules gliales de Müller ont la capacité de se reprogrammer après une blessure. Elles peuvent alors se spécialiser en divers types de cellules neuronales, remplaçant ainsi les neurones rétiniens endommagés par des cellules fonctionnelles.

Cette découverte a le potentiel de restaurer la vue pour des millions de personnes et de potentiellement inverser la cécité chez les personnes atteintes de lésions rétiniennes.

 

Bien que les expériences aient été menées sur des souris, qui partagent des traits similaires avec les humains en tant que mammifères, et qu'une régénération ait été observée chez des souris atteintes de rétinite pigmentaire, ces résultats suggèrent des applications potentielles pour des maladies dégénératives de la rétine chez l'homme.

 

*Bien connu des aquariophiles et des laboratoires de recherche, le Danio Rerio, communément appelé poisson-zèbre, fait malgré lui l'objet d'études appronfondies depuis les années 1980 pour des études sur les troubles cérébraux et musculaires, les addictions, et ses capacités de régénération de ses membres et organes.