Depuis le 12 juillet 2013, la vente de 4 000 médicaments sans ordonnance est autorisée sur Internet. Depuis, certaines plateformes de distribution de médicaments contrefaits à des tarifs très bas ont émergés sur le web. Onze de ces sites ont d’ailleurs été visés par une plainte du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Dans ce contexte tendu que dénoncent les pharmaciens, le rapport du député socialiste du Finistère Richard Ferrand, remis lundi dernier au ministre de l’Economie, préconise de « supprimer l’adossement obligatoire de la vente à distance d’une pharmacie physique » qui entraverait, selon lui, le commerce en ligne.

Les syndicats officinaux et l'Ordre des pharmaciens n’ont pas manqué de réagir en contestant l’ouverture de cette activité aux grossistes-répartiteurs et aux « pure players ». Interrogé par nos confrères du Moniteur, l’auteur du rapport estime au contraire qu’il leur donne « une arme pour se protéger contre les pure players et la grande distribution » puisqu’« au lieu d’être adossée à une officine, cette activité sera partagée par plusieurs pharmacies ». Dans le détail, le député propose d’élargir l’autorisation de la vente en ligne « aux personnes morales autorisées à exploiter des établissements de distribution en gros, notamment les groupements de pharmaciens comprenant une centrale d’achat pharmaceutique ».

Les syndicats de pharmaciens en ordre pour se défendre

Les professionnels de santé, qui craignent pour leur marché, ne l’entendent pas de cette oreille. L’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (Uspo) se dit « totalement opposée à la modification des textes concernant la vente de médicaments sur Internet qui aboutirait à la création de plates-formes logistiques chargées d’expédier des médicaments. Cette disposition serait une atteinte directe au monopole des pharmacies ».

Quant à l’Union Nationale des Pharmacies de France, si elle estime « souhaitable » cette assouplissement des règles pour la vente de médicaments sur le web, elle juge aussi « dangereux de s’exonérer complètement de l’obligation d’une officine physique car le risque de ‘déresponsabilisation’ du professionnel de santé est réelle ». Le syndicat indique que « la vente en ligne doit s’adosser à une pharmacie physique ou à un local agréé par l’ARS (Agence régionale de santé) lui-même adossé à une pharmacie physique. » 

Enfin, Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, a rappelé sur son compte Twitter que « la position de l’Ordre est immuable : un site de vente de médicaments doit toujours être adossé à une pharmacie ».