Essilor et l’Institut de la Vision (UPMC / Inserm / CNRS) lancent la chaire industrielle SilverSight. Soutenue par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et le verrier français, elle travaille sur le thème « vieillissement visuel sain, action et autonomie ». Composée d’une équipe internationale composée de 16 scientifiques et portée par le Dr. Angelo Arleo, elle a pour objectif de mieux comprendre et évaluer les mécanismes de dégénérescence des fonctions perceptives et cognitives liés au vieillissement du système visuel.

Un enjeu pour les systèmes de santé de demain

Avec le vieillissement de la population, l’impact grandissant de ces troubles de la vision engendre un réel problème de santé publique. Aujourd’hui, dans le monde, 470 millions de personnes ont plus de 65 ans. Elles seront 820 millions en 2025 et 2 milliards en 2050, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le nombre de Français de plus de 60 ans va lui aussi s’accroître significativement : de 13 millions actuellement à 22,3 millions en 2050. Au plan mondial, la perte de productivité, due à la mauvaise vision, équivaut à 275 milliards de dollars par an (source : Vision Impact Institute).

Face à cette évolution démographique majeure, la chaire SilverSight, d’une durée initiale de 4 ans, souhaite améliorer la compréhension des facteurs sous-tendant les déficits perceptifs et spatiaux à l’œuvre dans le vieillissement visuel sain. Combinant psychophysique expérimentale et neurosciences computationnelles, elle cherche par une approche pluridisciplinaire à concevoir et évaluer des produits d’optique ophtalmique innovants, des protocoles de réadaptation fonctionnelle et cognitive, et d’autres solutions et services visant à compenser les effets liés au vieillissement visuel.

Des avancées importantes attendues

Le fruit de ces travaux sera mis à l’entière disposition des professionnels de santé, favorisant ainsi le développement de leur activité dans le secteur ophtalmologique. Un des autres axes soulevés par SilverSight est la définition de normes et de standards nouveaux pour la conception d’outils de diagnostic précoce des troubles visuels chez les personnes âgées. Les résultats issus d’analyses épidémiologiques permettront par ailleurs une meilleure compréhension des caractéristiques et des besoins des seniors.

La chaire s’appuiera enfin sur certaines équipes et structures existantes, dont les plateformes de test « Home Lab » et « Streetlab » qui permettent de mener des expérimentations comportementales avec des personnes en situation de déficit sensoriel dans un environnement contrôlé totalement « monitoré ». Des ergonomes, ingénieurs, ophtalmologistes, optométristes, orthoptistes y testent des solutions existantes ou des prototypes pour en évaluer les bénéfices, dans des environnements intérieurs et extérieurs reconstitués, équipés de caméras et de capteurs destinés à modéliser leurs comportements.

La structure développera également ses propres plateformes expérimentales spécifiques aux thématiques de recherche qui contribueront à un savoir-faire unique dans le domaine du vieillissement neurosensoriel.