L’Assemblée nationale a adopté le 3 décembre, une proposition de loi (PPL) de plusieurs parlementaires visant à améliorer la santé visuelle des personnes âgées en perte d’autonomie.

Le texte autorise les opticiens (dans le cadre d’un renouvellement) à réaliser des examens de réfraction dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), « à titre expérimental et pour une durée de 3 ans ». Un arrêté ministériel définira les 4 régions participant à l’expérimentation.

Cette proposition « n’étend pas les compétences des opticiens-lunetiers, mais permet de délocaliser son exercice au plus près de personnes ne pouvant pas se déplacer. Un suivi de la santé visuelle par un médecin restera ainsi nécessaire », expliquent les députés.

Rappelons qu’actuellement, seul un tiers des Ehpad réalise un suivi systématique de la santé visuelle des résidents, faute de personnel formé et disponible. Ainsi, ce sont près de 40% des plus de 78 ans qui sont non ou mal corrigés*.

« C’est une très bonne nouvelle »

Engagé dans la prévention et l’accompagnement en santé visuelle, le réseau Les Opticiens Mobiles, créé en 2014, propose depuis fin 2016, un programme nommé « Bien Voir pour mieux vivre en Ehpad ».

Interrogé par Acuité, Matthieu Gerber, fondateur des Opticiens Mobiles, se félicite de l’adoption par les députés de cette proposition de loi : « C’est une très bonne nouvelle. Améliorer l’accès aux soins des personnes âgées en perte d’autonomie est un travail que nous menons depuis plusieurs années en tant que spécialistes. Ce vote à l’Assemblée nationale est la première étape d’une solution pour prendre en charge les personnes fragilisées sur leur lieu de vie ».

Et de poursuivre : « Maintenant, il faut passer à l’action et, pour la suite, nous prônons la mise en place d’un protocole sécurisé de délégation des tâches entre les ophtalmologistes et les opticiens spécialisés pour intervenir auprès de ce public tant en Ephad qu’à domicile. Car les besoins sont là et importants. Et sans ordonnance, pas de lunettes ».

Même son de cloche à la CDO (Centrale des opticiens) qui a lancé en 2014 le service Allopticien à destination des personnes dépendantes à domicile ou en Ehpad : « La CDO a initié le débat sur le rôle social de l’opticien en tant que professionnel de santé en favorisant son intervention dans les établissements médico-sociaux », a précisé à acuite.fr Fabrice Masson, directeur de la CDO. Avant d’ajouter : « Nous accueillons donc très favorablement cette intiative législative qui répond à un réel problème de santé publique. Elle pourrait être étendue à tout établissement hébergeant des patients n’étant pas en capacité d’accéder à la médecine de ville (établissements hospitaliers de long séjour, établissements pénitentiaires…) qui sont des utilisateurs réguliers de notre service Allopticien ».

Dans un communiqué, Optic 2000 salue également « l’adoption à l’unanimité par les députés de cette proposition de loi et espère à présent qu’elle sera adoptée dans un délai raisonnable par les sénateurs ». Rappelons que les opticiens de l’enseigne interviennent régulièrement en Ehpad, notamment à la demande des familles. L’enseigne a également développé un programme spécifique de sensibilisation aux troubles visuels pour les équipes soignantes en établissement.

*Etude de l’Inserm, 2018