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RAC 0, plafonds de remboursement... : « le Gouvernement creuse le fossé d’une médecine à 2 vitesses »

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« Alors que le Gouvernement envisage de proposer un reste à charge zéro sur les frais optiques, les prothèses dentaires et auditives, la mise en œuvre des contrats responsables a fait exploser le reste à charge sur les consultations hospitalières et médicales ». C’est ce qui ressort de la dernière étude Verspieren, 3e courtier en assurances en France et spécialiste des contrats collectifs, suite à l’analyse de ses 70 millions de données en matière de couverture Santé*. Explications avec Audrey Saglio, responsable marché Middle au sein de la direction des assurances de personnes.

img_9028_2.jpgAcuité : A combien se montent les frais de santé des Français pour l’optique, selon les régions ?

Audrey Saglio : Globalement, on constate un panier moyen de 476€ pour un équipement optique (toutes corrections confondues), dont 156€ pour la monture. Ce résultat cache bien évidemment des disparités selon les régions. La France est divisée en 4 parties : le Nord, l’Est et l’Ouest étant les territoires les moins coûteux, l’Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) arrivent en tête. En optique, les deux extrémités sont la région parisienne avec un forfait monture + verres à 520€ et la Nouvelle Aquitaine à 443€.

A. : Quel a été l’effet du plafonnement des remboursements sur ces frais de santé ?

A.S. : L’effet le plus remarquable se situe au niveau des montures. Sur toutes les régions de France, on remarque que la dépense moyenne s’est calée sur le plafond de remboursement défini à hauteur de 150€. Elle est de 156€ sur le plan national, avec un montant plus élevé en Ile-de-France (179€) et des tarifs plus bas en Bourgogne Franche Comté (147€). On a le sentiment que les prix ont été lissés et que les opticiens ont élargi le panel de dispositifs à vendre au tarif donné.

A. : Après remboursement, quelle est la part du reste à charge dans ces dépenses ?

A.S. : En optique, le reste à charge observé chez nos assurés varie entre 62 et 100€ pour un équipement complet, dont 20 à 35€ pour la monture selon les régions. Il reste limité car les entreprises offrent des couvertures généreuses à leurs salariés, toujours dans les limites des contrats responsables. Les plafonds de remboursement ont aussi eu de nouveau la graduation des prises en charge en fonction du degré de correction, quand certains organismes complémentaires offraient encore des prestations identiques quel que soit le défaut visuel de l’assuré. Un changement de paradigme intéressant pour le consommateur, car les fortes corrections se sont vues mieux remboursées, réduisant ainsi le reste à charge des porteurs.

A. : Et où se situe aujourd’hui l’optique par rapport aux autres postes de soins en termes de reste à charge ?

A.S. : C’est toujours un des postes les moins bien couvrants. Chez Verspieren, le taux de couverture varie entre 92% et 94% sur l’ensemble des postes de la mutuelle. Pour les lunettes, il est généralement de 84% en dehors des réseaux de soins. C’est un dispositif très mal remboursé par la Sécurité sociale dans lequel les organismes complémentaires ont toute leur place à jouer.

Toutefois, avec la mise en œuvre des contrats responsables, le reste à charge a explosé sur les consultations hospitalières et médicales, notamment en raison du plafonnement de remboursement pour les dépassements d’honoraires. L’augmentation du reste à charge va donc souvent concerner les cas les plus graves et les plus coûteux. Les spécialistes n’adhérant que faiblement au dispositif de pratique tarifaire maîtrisé (DPTM), aujourd’hui pour payer les dépenses supplémentaires, les Français doivent sortir l’argent de leurs poches ou adhérer à une sur-complémentaire. Certaines entreprises ont même décidé de rendre cette dernière obligatoire, mais dans la majorité des cas le choix est laissé au salarié.

A. : Au vu de ces résultats, la réforme du « RAC 0 » en optique vous paraît-elle justifiée ? 

A.S. : Cette réforme présente des objectifs honorables mais il ne faut pas qu’elle aboutisse à une médecine à 2 vitesses et à une baisse de la qualité des soins, comme nous le craignons aujourd’hui. Comme pour la prise en charge des dépassements d’honoraires, tout l’enjeu sera de concevoir des montages de remboursement qui permettront de compléter le panier « RAC 0 », via une sur-complémentaire santé par exemple, si le contribuable souhaite maintenir sa couverture à niveau équivalent. Au final, le Gouvernement est en train de creuser un énorme fossé, ne laissant pas à tous les Français la chance d’accéder aux mêmes soins.

*Méthodologie : La base de données prise en compte dans l’étude, reprend toutes les lignes de décomptes, correspondant à des soins de survenance 2017, envoyées par les bénéficiaires rattachés sur un des contrats de notre portefeuille et saisies par nos gestionnaires, entre le 01/01/2017 et le 28/02/2018.
 

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