Si la France n’a jamais compté autant de médecins libéraux, le nombre de généralistes et d’ophtalmologistes en activité continue de chuter et les disparités régionales persistent. Identifiées depuis plusieurs années, ces tendances se confirment dans l’Atlas 2015 de la démographie médicale, publié le 16 juin dernier.

Des ophtalmologistes toujours moins nombreux et mal répartis sur le territoire

Aussi au 1er janvier 2015, le tableau de l’Ordre des médecins recense 4 387 spécialistes en secteur libéral/mixte, soit un chiffre en baisse de 1,28% depuis 2007. L’âge moyen est de 54,4 ans, les ophtalmologues de 40 ans et moins représentant 12,7% des effectifs tandis que les ophtalmologues de 60 ans et plus sont beaucoup plus nombreux (35,2%).

demo_ophta_01.png

Il est important de noter qu’actuellement 57% des bassins de vie ne recensent aucun spécialiste en ophtalmologie (voir cartographie ci-dessous). Et depuis 2007, 15% ont  enregistré une baisse des effectifs quand 18% ont stabilisé le nombre d’ophtalmologues sur leur territoire. Enfin, l’Atlas précise que :

- 88,5% sont titulaires d’un diplôme français,

- 6,3% ont obtenu leur diplôme dans un pays de l’Union Européenne et

- 5,2% dans un pays extra-européen.

demo_ophta_02.png

Une situation similaire chez les généralistes

Du côté des généralistes, la France  en compte 58 104 en activité régulière, soit une diminution des effectifs de 10,3% depuis 2007. Actuellement la densité médicale est de 88,7 généralistes pour 100 000 habitants (100,1/100 000 habitants en 2007). Et d’après les projections, cela continuera de diminuer d’ici à 2020 pour atteindre 54 179 médecins généralistes. Globalement, la moyenne d’âge est de 53 ans, les moins de 40 ans ne représentant que 13,6% de la profession alors que les 60 ans et plus sont 30%. Des proportions très proches de celles des ophtalmologistes.

demo_ophta_03.png

Cette diminution des effectifs en médecine générale frappe l’ensemble des régions françaises de manière plus ou moins forte. C’est en Ile-de-France qu’on constate la plus forte diminution (-17,1% en 8 ans). A titre de comparaison, les régions Franche-Comté et Alsace comptabilisent équitablement les moins fortes baisses (-3,6% sur la même période).

demo_ophta_04.png

Obligation d’ordonnance : une mesure (dé)raisonnable ?

Face à ces chiffres, le débat actuel sur l’obligation d’ordonnance pour la délivrance de verres correcteurs devient totalement absurde. Depuis des années, les opticiens ont délivré des équipements correcteurs sans ordonnance, sans que cela ne pose le moindre problème sanitaire. Si les arguments des ophtalmologistes sont tout à fait défendables (inciter les Français à davantage consulter leur spécialiste, pouvoir détecter plus tôt certaines pathologies oculaires...), comment feront les porteurs ayant besoin de lunettes pour vivre s’ils doivent attendre jusqu’à un an pour avoir un rendez-vous, et ce pour une simple ordonnance ?

Rappelons que dernièrement, le Sénat a réintroduit l’article 11 quater C du projet de loi Macron autorisant la délivrance de verres correcteurs sans ordonnance pour les plus de 16 ans. Une mesure tout à fait raisonnable au vu de la situation démographique médicale.