L'Assemblée nationale a adopté le 2 avril 2025 un article controversé visant à réguler l'installation des médecins en France, malgré l'opposition du gouvernement.
Portée par un large groupe de députés, cette mesure prévoit que l'installation de nouveaux médecins soit soumise à l'autorisation de l'ARS, accordée automatiquement dans les zones sous-dotées et conditionnée à un départ dans les zones bien pourvues. Le gouvernement craint un déconventionnement et une perte d'attractivité de la profession.
Appel à une grève illimitée
En réaction,les syndicats de praticiens libéraux et de jeunes médecins ont appelé à une mobilisation massive.
Une grève illimitée de la permanence des soins débutera le 28 avril, suivie d'une manifestation nationale le 29 avril à Paris et en région. Si l'unité est forte contre la régulation, des divergences existent sur l'ampleur de la grève des cabinets libéraux.
En parallèle, une grève de la permanence des soins est également annoncée dans le secteur public à partir du 1er mai. Les syndicats de jeunes médecins ont formulé leurs propres propositions pour améliorer l'accès aux soins, en réponse à l'appel du ministre de la Santé.
Quelles actions du côté des ophtalmologistes ?
Le conseil d'administration du syndicat national des opthalmologistes de France (Snof) va se réunir la semaine prochaine pour décider des actions à venir.
« Nous sommes déja en cours de discussion avec les parlementaires et le ministère pour proposer des solutions concrètes et efficaces », nous a fait savoir Vincent Dedes, président du Snof.
Parmi ces solutions : développement du travail aidé, sites multiples, stage d’internes obligatoire en libéral dans la maquette de formation des spécialistes...
Une mesure « inutile »
« L’augmentation du nombre de médecins en activité sera conséquente à partir de 2028-2030. Cette proposition de loi sur la régulation à l’installation sera au mieux inutile et inefficace, au pire contre-productive. Cette coercition, sans réel soutien des professionnels de santé concernés a donc très peu de chance d’être efficient. ».
« Les difficultés actuelles ne sont que le résultat d’une absence d’anticipation de la part des politiques, dont l’exemple le plus flagrant est celui de la mise en place du MICA (mécanisme d’incitation à la cessation d’activité, qui a pris fin en 2003) qui avait pour but de réduire l’offre de soins afin de maitriser les dépenses », a commenté Vincent Dedes.
« En outre, au regard de l’inefficacité des ARS pour la mise en œuvre de la loi sur l’encadrement des centres de santé ophtalmologiques ou dentaires, on ne peut que douter de la bonne application de celle-ci, d’autant qu’il n’existe à ce jour aucun véritable zonage des médecins spécialistes. Comment définir ces zones sous-denses ? »
« Pour les ophtalmologistes, on assiste depuis quelques années à une stabilité démographique, bien loin de la baisse de 25% annoncée par la Drees. Depuis 1 an, il existe même un solde positif de +48 ophtalmologistes en activité en France ».
Selon le président du Snof, cette tendance « va s’accentuer fortement dans les prochaines années grâce à la stabilité du nombre d’installations en France » (entre 200 à 220 à l’année) et à « la baisse du nombre de départs en retraite » :
- 300 par an entre 2018 et 2023 ;
- 225 en 2024 ;
- 150 à 100 pour 2025 et les années suivantes.
La filière visuelle a démontré que les professionnels de santé ont la capacité de répondre aux besoins d’accès aux soins sans contrainte législative. Les jeunes ophtalmologistes s’installent de plus en plus en cabinets de groupe et en multisites proposant un maillage territoriale pertinent.