"L'optique est mon métier, la littérature une passion". Avec une dizaine de livres à son actif, Jean-Jacques Bedu pourrait être tenté par une carrière purement littéraire. Mais cet opticien de 44 ans avoue conserver "le goût du métier" qu'il a reçu en héritage de son père et de son grand-père, en même temps que la gestion du magasin familial de la rue de l'Argenterie à Perpignan. "Je ne veux pas rentrer dans la course folle des manuscrits à rendre et des prix à glaner, prévient ce diplômé du Lycée Morez. Je suis bien entouré au magasin et il m'est facile de concilier les deux activités. C'est un équilibre que j'entends préserver". Un essai remarqué sur la "supercherie historique" du roman best-seller Da Vinci code lui a valu plusieurs passages sur les plateaux de télévision. "Ce que les clients peinent à imaginer. Ils me demandent parfois si je ne suis pas le frère de l'écrivain", nous confie-t-il amusé.
Son prochain essai dresse le portrait de personnages connus et moins connus qui ont hanté la scène artistique aux siècles derniers. La bohème littéraire, 1830-1930 sera publiée aux prestigieuses éditions Grasset d'ici septembre prochain. "Je travaille actuellement sur un roman historique mettant en scène un personnage loufoque qui s'est autoproclamé empereur du Sahara au début du XXe siècle", nous précise celui dont l'activité ne se borne pas à l'écriture. Jean-Jacques Bedu se consacre à l'organisation de 3 récompenses littéraires : le Prix Méditerranée, le Prix Spiritualité d'aujourd'hui et le Prix du Livre incorrect. Son action en faveur de la littérature méditerranéenne lui a valu d'être honoré de la médaille du Mérite francophone, qui lui sera décernée au printemps prochain lors d'une cérémonie au Sénat.
Lorsqu'on l'interroge sur l'évolution de la profession, Jean-Jacques Bedu regrette la baisse du niveau d'exigence. "Le côté médical du métier est en train de se perdre. J'espère que ce n'est pas irrémédiable. La profession doit se ressaisir afin de rétablir son image auprès des consommateurs et des ophtalmologistes. Nous ne sommes pas de simples commerçants. C'est une profession très riche sur le plan humain, et l'on ne doit pas sacrifier l'importance du conseil pour des questions de rentabilité."