En 2022, les vols à l'étalage ont bondi de près de 15%, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Une pratique qui a des conséquences importantes, notamment sur les petits commerces, puisqu'elle entraîne une perte sèche sur le chiffre d'affaires. Et notre secteur n'est pas épargné.

Excédés, certains commerçants affichent sur les réseaux sociaux - parfois directement dans leur magasin - les photos ou les vidéos des auteurs de ces vols.

C'est le cas de Bastien Landos, opticien à Amiens, qui a publié sur internet l'enregistrement d'une caméra de surveillance qui montre une tentative de vol dans son magasin.

Mais attention : cette démarche qui se veut dissuasive est interdite, sous peine de poursuites judiciaires.

« On ne sait plus comment réagir »

« Les vols sont récurrents et la fréquence des tentatives reste élevée. Des clips solaires aimantés, des marques, des entrées de gamme... et même du 100% santé. Ils prennent ce qu'ils peuvent, parfois au hasard » nous a expliqué Bastien Landos, propriétaire du magasin La Lunetterie, à Amiens, qui estime le préjudice annuel subi à environ 6000 euros.

Un problème qui concerne tous les commerçants de la rue. « Quand le magasin de vêtements voisin a été touché, le propriétaire a diffusé une vidéo dans laquelle j'ai reconnu les mêmes personnes que j'avais prises en flagrant délit dans le mien. J'ai donc également publié ma vidéo de télésurveillance, par solidarité ».

« Nous savons que c'est interdit mais nous ne savons plus comment réagir, et force est de constater que suite à ces publications, les médias en parlent et les choses bougent », note Bastien, qui a depuis retiré les vidéos suite à l'injonction de la préfecture.

« J'ai reçu un courrier m'informant que je risquais 45 000 euros d'amende et 3 ans de prison ».

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La Lunetterie, à Amiens.

 

Une proposition de loi

Plusieurs commerçants, rassemblés au sein du collectif  «Ras le vol » demandent des actions concrètes pour lutter contre ce phénomène, en permettant la diffusion des images de vidéoprotection, sur les réseaux sociaux ou dans les magasins, pour identifier les auteurs des faits, les dissuader de revenir et simplifier le travail des forces de l’ordre et de la justice.

Le député du MoDem Romain Daubié s'est emparé du sujet et a soumis une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour permettre aux commerçants d’exposer les auteurs de délits. Une pratique légale aux États-Unis, mais qui en France, porterait atteinte à la présomption d'innocence.

« Nous aimerions aller vers la mise en place d'un réseau interne, entre commerçants, afin d'identifier et de localiser les personnes qui commettent des vols. Et pourquoi pas une brigade d'agents assermentés en ville par exemple, pour les intercepter, ce qui nous permettrait au moins de récupérer les produits volés » indique Bastien Landos.